Confrontées comme la Sierra Leone à une coulée de boue meurtrière, les autorités de la République démocratique du Congo (RDC), sous le feu de critiques qui dénoncent une réponse tardive, affirment prendre « les dispositions nécessaires » face à cette « catastrophe majeure ».

Contrairement aux inondations de Freetown dans la nuit du 13 au 14 août, l’éboulement du 16 août en RDC n’a pas eu lieu dans une capitale relativement facile d’accès pour les sauveteurs et les médias, mais à près de 2 000 km au nord-est de Kinshasa, dans la province de l’Ituri, sur les bords du lac Albert, frontalier de l’Ouganda.

Alors que l’évolution du bilan humain est suivie au jour le jour en Sierra Leone (810 personnes portées disparues et plus de 500 morts confirmés), personne ne sait encore précisément combien de victimes ont été emportées par la coulée de boue qui a submergé le village de pêcheurs de Tara. Entre 150 et 250, selon le vice-gouverneur de la province, Pacifique Keta.

Quarante corps ont déjà été enterrés et d’autres sont encore ensevelis sous les décombres des 48 maisons détruites. M. Keta a indiqué à l’AFP avoir « décidé de suspendre les recherches pour privilégier la désinfection » sur les lieux du drame, craignant « la propagation des maladies à plusieurs autres villages de pêcheurs installés le long de la rive du lac Albert ».

« Retard coupable »

Le président congolais, Joseph Kabila, « a appris avec consternation le glissement de terrain survenu le mercredi 16 août » et « présente ses condoléances les plus attristées à tous les compatriotes ainsi qu’aux riverains éprouvés », a indiqué un communiqué de la présidence daté du 22 août, soit six jours après la catastrophe. Le président a demandé au gouvernement « de prendre toutes les dispositions nécessaires pour venir en aide à la population sinistrée », ajoute le texte lu à la télévision publique.

« Le gouvernement considère ce qui s’est passé comme une catastrophe majeure », a déclaré mercredi 23 août le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, au sujet de la pire coulée de boue de ces dernières années en RDC. Le ministre de l’intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, s’est rendu jeudi à Bunia, capitale de l’Ituri, pour « une mission d’assistance humanitaire aux victimes ».

De son côté, le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) a dénoncé le « retard coupable du gouvernement », affirmant que « certaines personnes parmi les disparus auraient pu être sauvées si l’intervention du gouvernement avait été rapide ». Avec « 200 morts, on aurait voulu que le président Kabila se rende personnellement à Tara pour consoler » les familles des victimes, ajoute Lucha dans une déclaration.

« Situation dramatique »

« Il est inadmissible que nous ayons perdu 200 Congolais et qu’aucune autorité ne se soit présentée sur le terrain », a déclaré Vital Kamerhe, président du troisième parti d’opposition, l’Union pour la nation congolaise (UNC), à la veille du déplacement du ministre de l’intérieur. M. Kamerhe s’était également « indigné » après avoir été « empêché par la police de se rendre sur le lieu de la catastrophe pour compatir avec les sinistrés ».

Le coordonnateur de la société civile de l’Ituri, Jean Bosco Lalo, a pour sa part exigé l’ouverture d’une « enquête en vue de comprendre les vraies causes de ce drame ». « Décidément, nous sommes dans un pays où l’on veut tout critiquer », a réagi le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, sur Radio Okapi, affirmant que le gouverneur de l’Ituri a « évalué une situation dramatique (…) dans les heures qui ont suivi la catastrophe ».

Ce glissement de terrain est le plus ravageur de ces dernières années en RDC. En mai 2010, une coulée de boue qui avait traversé le village de Kibiriga, dans l’est du pays, avait fait 19 morts et 27 disparus. En février 2002, une cinquantaine de personnes avaient trouvé la mort dans une coulée de boue et de pierres provoquée par de fortes pluies à Uvira (est), faisant 2 500 sans-abri.