Salah Hamouri à Ramallah, en 2011. / AHMAD GHARABLI / AFP

Le répit aura été de courte durée pour Salah Hamouri. Ce Franco-Palestinien de 32 ans, détenu entre 2005 et 2011 en Israël, a de nouveau été arrêté par les forces de l’ordre israéliennes à son domicile de Jérusalem-Est, mercredi 23 août. Transféré et interrogé par la police, il serait soupçonné de « s’être réengagé dans des organisations politiques illégales », rapporte Sahar Francis, avocate palestinienne et directrice de l’association Addameer pour la défense des droits des prisonniers palestiniens. Afin de poursuivre l’interrogatoire, le tribunal de première instance a décidé de prolonger sa détention jusqu’au dimanche 27 août. Les juges décideront alors d’une éventuelle mise en examen.

L’annonce de l’arrestation du jeune activiste a aussitôt été relayée sur les réseaux sociaux francophones. Dans un communiqué, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) a dénoncé un acte « inadmissible et insupportable » et appelé à une « mobilisation immédiate et massive » par le biais d’une pétition.

Sur sa page Facebook, l’épouse française de Salah Hamouri, Elsa Lefort, interdite d’entrer sur le territoire israélien depuis janvier 2016, a demandé « à la France d’agir avec conviction pour protéger et obtenir la libération de [notre] concitoyen qui subit une fois de plus l’arbitraire israélien ». Le consulat général de France à Jérusalem « suit le dossier de très près, avec Paris », et se mobilise « pour assurer une protection consulaire » à M. Hamouri, a confié au Monde un diplomate français sur place.

Comités de soutien

Salah Hamouri, de mère française et de père palestinien, n’en est pas à sa première interpellation. En 2005, il avait été accusé d’avoir projeté de tuer le rabbin séfarade Ovadia Yossef, le fondateur du parti ultraorthodoxe Shas, et d’appartenir au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un mouvement nationaliste palestinien de gauche engagé dans la lutte armée contre Israël.

Salah Hamouri a toujours clamé son innocence. Après trois années de détention administrative – incarcération sans inculpation ni procès –, le jeune homme avait été condamné par un tribunal militaire israélien à sept ans de prison, en avril 2008. Il avait accepté de plaider coupable afin de réduire sa peine, envisagée dans un premier temps à quatorze ans de détention.

En France, des comités de soutien s’étaient alors créés et mobilisés pour réclamer sa remise en liberté. En août 2009, le président français, Nicolas Sarkozy, avait adressé une demande de libération anticipée pour M. Hamouri au gouvernement israélien. Ce « geste de clémence » avait été refusé par le premier ministre, Benyamin Nétanyahou : le comité israélien de réduction des peines avait jugé « trop dangereux » de libérer le jeune homme de 24 ans. Finalement, Salah Hamouri avait fait partie du millier de prisonniers palestiniens échangés en décembre 2011 contre Gilad Shalit, le soldat franco-israélien capturé par un commando palestinien en juin 2006 au sud de la bande de Gaza.

Depuis sa sortie de prison, Salah Hamouri suivait un cursus en droit à l’université Al-Qods à Jérusalem. Dimanche 20 août, trois jours avant son arrestation, il venait de passer l’équivalent palestinien du concours du barreau.