Sur dix-huit produits sucrés testés par le magazine, des nanoparticules de dioxyde de titane ont été retrouvé systématiquement, dans des proportions variées. / JOËL SAGET / AFP

Potentiellement toxiques et surtout non signalés sur les emballages. Voici ce que reproche dans son édition de septembre 60 Millions de consommateurs aux additifs présents sous forme de nanoparticules dans 100 % des sucreries testées par le magazine. Un constat qui inquiète la publication quant à d’éventuels effets sur la santé.

Cible des tests pratiqués, l’additif E171 – ou dioxyde de titane – est composé en partie de nanoparticules. Il est utilisé dans l’industrie agroalimentaire et cosmétique pour blanchir et intensifier la brillance des confiseries, des plats préparés et même des dentifrices. Des propriétés optimisées sous la forme nano, 50 000 fois plus petite qu’un cheveu, laquelle pose en revanche question pour la santé, car elle passe plus facilement les barrières physiologiques, selon l’association.

« On sait que les nanoparticules (…) peuvent passer la barrière intestinale et se retrouver dans différents organes, comme le foie, le cœur, les poumons, et on ne sait pas encore ce qu’elles peuvent devenir », a expliqué Patricia Chairopoulos, coautrice de l’étude. Cette dernière reproche aux industriels concernés de faire preuve de « manque de vigilance » et de « manque de rigueur ».

Dix-huit produits testés

L’Association des fabricants de dioxyde de titane affirmait en effet en mars que cet additif n’était « pas utilisé comme nanoparticule dans les aliments ». Pourtant, sur dix-huit produits sucrés testés par le magazine, des nanoparticules de dioxyde de titane ont été retrouvé systématiquement, dans des proportions variées. Ils représentaient de 10 % à 100 % de l’additif présent dans ces différentes sucreries, parfois célèbres, des biscuits Napolitain de Lu (12 %) aux gâteaux glacés Monoprix Gourmet (100 %), en passant par les M&M’s (20 %).

Si la plupart des industriels sollicités par 60 Millions de consommateurs ont affirmé ne pas utiliser de nanomatériaux, une toute petite partie d’entre eux ont, selon les auteurs de l’enquête, fait part de leur intention d’appliquer « le principe de précaution ». Auchan a ainsi expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) que « tous les produits de marque Auchan contenant des nanoparticules [allaie]nt être retirés des rayons » et qu’« une bonne partie l’a déjà été ». Intermarché, de son côté, affirme avoir obtenu de son fournisseur un changement de recette des bonbons incriminés.

D’une manière générale, la présence d’E171 apparaît clairement sur les étiquettes, mais jamais la mention nanoparticules, selon 60 Millions de consommateurs, qui rappelle pourtant qu’un règlement européen contraint théoriquement les fabricants à apposer la mention « nano » devant le nom de l’ingrédient concerné.

Lésions précancéreuses chez le rat

« On ne sait pas grand-chose sur cette forme nano. C’est ça qui nous pose problème. D’autant plus qu’une étude récente de l’INRA est parue en janvier 2017, qui entraîne un peu de suspicion », a expliqué Mme Chairopoulos.

Cette étude de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) concluait en effet que l’exposition chronique au E171 favorisait la croissance de lésions précancéreuses chez le rat. L’Agence nationale de santé avait alors été saisie en janvier par les ministères de l’économie, de la santé et de l’agriculture pour déterminer si le produit « présente un éventuel danger pour les consommateurs ». Aucune conclusion n’est toutefois établie pour l’homme sur ce potentiel effet « promoteur » de la cancérogenèse du E171.

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Huit associations ont adressé, le 17 juillet dernier, une lettre ouverte au gouvernement français demandant « la mise en place urgente de mesures de précaution », avec notamment l’interdiction temporaire des nanoparticules présentes dans le colorant E171. Agir pour l’environnement, qui avait déjà alerté en juin 2016 sur cette question, juge « la persistance de cette contamination comme un véritable scandale qui engage la responsabilité du gouvernement, des industriels et des distributeurs ».

Contactés par l’AFP, les services de la répression des fraudes ont expliqué effectuer des contrôles depuis 2015 et avoir déjà relevé en 2016 l’absence de nanoparticules dans 54 produits contrôlés. La synthèse de ces contrôles est encore en cours de finalisation. En revanche, en 2017, des analyses en laboratoire toujours en cours ont déjà mis en évidence la possible présence de « nano-ingrédients » dans quatre aliments sur les cinq déjà analysés.