Corpus Christi, au Texas, avant l’arrivée de l’ouragan Harvey, le 25 août. / MARK RALSTON / AFP

Il s’est encore renforcé vendredi 25 août et menace d’être l’un des ouragans plus dévastateurs pour le sud des Etats-Unis depuis plus d’une décennie : Harvey est passé dans la soirée en catégorie 4 sur une échelle de 5, a annoncé le centre national des ouragans américain (NHC).

Dans son dernier bulletin publié à 1 heure du matin heure de Paris, le NHC a indiqué que ses vents soufflent désormais à 215 km/h et qu’il ne se trouve plus qu’à 70 kilomètres de Corpus Christi, première grande ville du Texas qui sera balayée par Harvey, en cours d’évacuation pour éviter le pire. Il se déplace à 8 km/h.

Avec en tête le dramatique précédent de l’ouragan Katrina en 2005, qui avait fait plus de plus de 1 800 morts, Donald Trump a assuré vendredi après-midi suivre « de près la trajectoire de l’ouragan Harvey »« Soyez prudents », a demandé le président américain face à l’imminence des premiers vents violents et inondations qui vont s’abattre sur le Texas. La Maison Blanche a elle confirmé le passage d’Harvey dans la catégorie d’« ouragan majeur », qui sera « sûrement dévastateur pendant plusieurs jours ».

Les secours sur le pied de guerre à A Corpus Christi

A Corpus Christi, les secours sont sur le pied de guerre. Dans cette cité de quelque 300 000 âmes, les autorités s’inquiètent pour les riverains qui entendent rester coûte que coûte chez eux, quitte à risquer leur vie. Les gardes-côtes américains ont déjà assuré avoir secouru douze personnes par les airs au large de cette ville qui donne sur le Golfe du Mexique et où 26 000 personnes sont déjà privées d’électricité, selon AEG Texas.

« Aussi loin que je me souvienne, je ne pense pas qu’il y ait eu quelque chose de ce genre » auparavant, a commenté pour l’Agence France-Presse (AFP) Brian McNoldy, chercheur sur les ouragans à l’université de Miami. « Je ne me souviens pas d’un ouragan majeur qui fait du surplace et reste coincé, c’est une combinaison qui est très inquiétante », explique-t-il à propos d’Harvey, qui ne devrait en effet pas s’enfoncer très profondément dans les terres et ravager particulièrement la côte et menacer ses raffineries de pétrole.

Face au « désastre majeur » qui se profile, le gouverneur du Texas Greg Abbott a déployé  .000 membres de la Garde nationale du Texas et demandé à Donald Trump de décréter l’état de catastrophe naturelle, afin de débloquer davantage de fonds fédéraux. Le président républicain n’a pas écarté cette possibilité.

Ce dernier, qui avait souhaité « bonne chance à tout le monde » avant de prendre l’avion pour Camp David, « va s’organiser pour se rendre au Texas en début de semaine prochaine », a par ailleurs assuré la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders.

Le traumatisme de Katrina

Harvey a ravivé aux Etats-Unis le traumatisme de Katrina, ouragan qui avait dévasté La Nouvelle Orléans et engendré une gravissime catastrophe humanitaire.

« Ne faites pas les mêmes erreurs qu’a faites Bush avec Katrina », a d’ailleurs supplié le sénateur républicain Chuck Grassley au président Trump. A l’époque, le manque de préparation et les failles criantes de l’état fédéral avaient eu des conséquences dramatiques. A cela s’ajoutait les critiques envers l’ex-président George W. Bush, accusé par beaucoup d’indifférence envers le sort des habitants de la région très défavorisée et majoritairement noire.

En ce qui concerne Harvey, « ce qui m’inquiète, c’est de savoir si les habitants ont tenu compte ou pas des avertissements » et des demandes d’évacuation, a déclaré vendredi le responsable de l’Agence fédérale des situations d’urgence (Fema), Brock Long.

Plusieurs comtés et villes du Texas ont ordonné l’évacuation et d’autres, comme Corpus Christi, ont très fortement encouragé leurs habitants à le faire, provoquant des embouteillages monstres sur les autoroutes pour quitter le littoral.

« Il y a toujours des personnes qui ne veulent pas partir. C’est leur choix. Il faut juste qu’elles comprennent (...) qu’elles seront toutes seules », a prévenu Matt Sebesta, un responsable du comté de Brazoria, près de Houston. « Partez. Partez maintenant », a lui supplié le maire de la petite ville de Rockport, Patrick Rios. Si 60 % de ses administrés sont partis, il a conseillé aux récalcitrants de « marquer au feutre indélébile leur numéro de Sécurité sociale sur leur bras », pour qu’ils puissent être identifiés en cas de décès.

La montée des eaux pourrait atteindre 3,7 mètres

Ceux qui ont décidé de rester ont construit des digues artisanales, faites de sacs de sable. Michael Brennan, le responsable en chef des ouragans au NHC, a en effet expliqué redouter avant tout la « montée des eaux », pouvant atteindre de 1,8 à 3,7 mètres, sur la côte.

San Antonio, qui se situe à environ 200 kilomètres à l’intérieur du territoire, s’est également préparée pour Harvey. La ville, centre d’évacuation fédéral depuis Katrina, compte de nombreux abris « prêts à être utilisés », ont expliqué les pompiers locaux.

Harvey devrait également avoir un impact sur le prix du pétrole côté, qui a terminé en légère hausse vendredi soir, le Texas étant un des principaux Etats pétroliers du pays. « L’évacuation du personnel de certaines plateformes situées dans le Golfe du Mexique a déjà réduit la production de brut », a affirmé David Martin de JPMorgan. Selon un relevé des autorités effectué à la mi-journée, environ 22 % de la capacité de production de brut dans la région était suspendue.

Mais les riverains redoutent avant tout de perdre leur toit. Comme le déclarait une résidente de South Padre Island à la télévision, « il faut qu’on soit des voisins qui s’entraident »