Le public de Rock en Seine, devant The Kills, samedi 26 août. / Pierre Bouvier pour Le Monde

Si vendredi 25 août, lors de la première de trois journées du festival Rock en Seine, pouvait se dégager une tendance rock sinon majoritaire, du moins forte sur les deux principales scènes, samedi, le festival francilien, s’est fait plus voyageur. En 15 éditions – le festival a fait ses débuts en 2003 – au socle rock sont venus s’ajouter peu à peu la pop, les musiques électroniques, le rap, les musiques du monde, la chanson… dans toutes leurs composantes, écoles, sous-genres.

Pour le deuxième jour du festival organisé au domaine national de Saint-Cloud, le gros du public de la Grande Scène et de celle dite « Cascade » sera notamment passé des croisements de musiques populaires d’Afrique de l’Ouest et de funk, avec Ibibio Sound Machine, à l’électro un peu mécanique de DBFC.

Des beautés folk-rock de Band of Horses à la pop joliment tranquille de Girls in Hawaï. De celle qui va vers les musiques du monde et le hip hop, de la chanteuse Jain, fêtée par les plus jeunes, au rock basique de The Kills. Du triomphe de l’icône indé PJ Harvey à l’électro plutôt apaisée, même dans des passages dansants de Fakear (avec une harpiste, un batteur, un bassiste…).

La chanteuse américaine Alison Mosshart et le guitariste anglais Jamie Hince, du groupe The Kills, samedi 26 août à Rock en Seine. / Pierre Bouvier pour Le Monde

« Mister Lee Fields ! »

Et au milieu de cela, en soirée, la Cascade se prenait une bonne dose de soul music, celle du chanteur Lee Fields avec le groupe The Expressions. Dans la tradition, d’abord l’orchestre – avec organiste, trompettiste, saxophoniste, guitariste, bassiste et batteur – qui pose les choses durant quelques minutes, puis un « Mister Lee Fields ! » qui accompagne l’arrivée du chanteur, pantalon noir, veste brillante d’un jaune prononcé.

Comme la regrettée Sharon Jones (1956-2016) ou Charles Bradley, Lee Fields a connu une reconnaissance tardive, à la faveur d’un regain d’intérêt d’une nouvelle génération pour le rhythm’n’blues et la soul des années 1950 et 1960. Fields, voix rauque, éperdue, 66 ans, est tout à son aise dans le rendu de romances sur tempo lent. A son répertoire des thèmes plus rapides, dans l’esprit des tourneries de James Brown (1933-2006), avant qu’à la fin des années 1960 il ne se dirige vers le funk.

Le chanteur Lee Fields, à Rock en Seine, samedi 26 août, scène Cascade. / CHRISTOPHE CRENEL

Cette soul, qui appuie son élan sur le premier temps, Lee Fields en donne une version fidèle, authentique, dans la tradition d’Otis Redding (1941-1967), Sam Cooke (1931-1964) ou Jackie Wilson (1934-1984). Le concert de PJ Harvey doit débuter juste après, mais une bonne partie du public reste jusqu’au dernier moment, un salut reconnaissant de Lee Fields et le rituel d’une courte partie instrumentale.

Hommage à Simon Carpentier

Plus tôt dans la journée, à la scène du Bosquet, l’imprégnation soul, son influence stylistique, s’était fait entendre lors du concert du groupe Her, dont le chanteur Simon Carpentier est mort, dimanche 13 août, des suites d’un cancer, à l’âge de 27 ans. Et pas seulement lors de l’interprétation très exacte, émouvante par le cofondateur de Her, chanteur et claviériste Victor Solf de A Change Is Gonna Come de Sam Cooke. Si les quelques enregistrements du groupe faisaient entendre des éléments soul, ils prennent toute leur ampleur au concert.

Le groupe Her, à Rock en Seine, samedi 26 août scène Bosquet. / OLIVIER HOFFSCHIR

Solf dira quelques mots en mémoire de Simon Carpentier, dont la silhouette en ombre chinoise est projetée au début et à la fin de la prestation du groupe – sur la page Facebook du groupe il est précisé que la photographie a été prise par Diane Moyssan au festival Garorock, « dernier concert de Simon et l’un des meilleurs ». C’était le 2 juillet. Des mots de tristesse, des mots d’amitié, des mots surtout pour dire la force de la musique. Cette soul, source d’inspiration, dans la voix, les gestes, la vérité musicienne de Victor Solf.

Festival Rock en Seine, au domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Dernier jour, dimanche 27 août, à partir de 14 heures. 49 €.