A Houston, le 27 août. L’impact de Harvey est le pire « jamais vu », selon le service de météo américain (NWS) / AP Photo/David J. Phillip

Après les vents, le déluge et les inondations. Et l’impact de Harvey est le pire « jamais vu », selon le service de météo américain (NWS).

Houston, la plus grande ville du Texas où le principal hôpital vient d’être évacué, était dimanche noyée sous les eaux de la tempête Harvey, qui a déjà laminé la côte texane et dont le bilan humain s’est alourdi en milieu de journée avec l’annonce d’un troisième décès. Mais selon le gouverneur du Texas, Greg Abbott, il est encore trop tôt pour donner un bilan humain.

Selon le chef des pompiers de Houston, Samuel Pena, ses équipes ont géré plus de 2 000 appels depuis minuit et en avaient encore un millier en attente en fin de matinée.

Les deux plus importants aéroports de la ville, George-Bush International et Hobby, ont fermé dans la journée. Leurs pistes étant sous l’eau.

Les services d’urgence de la capitale de l’industrie pétrolière américaine ont adressé dimanche matin un message des plus clairs : « Les personnes fuyant les inondations ne doivent pas en dernier recours rester dans le grenier. Si les étages les plus élevés de votre domicile deviennent dangereux… montez sur le toit. »

Et d’ajouter : « Appelez 911 [le numéro d’appel d’urgence] pour obtenir de l’aide et restez en ligne jusqu’à ce que quelqu’un décroche ». Une demande relayée par la météo américaine.

« Historiquement, l’eau est davantage une menace pour la vie que le vent », s’alarmaient dès dimanche les météorologues. La région Houston/Galveston a ainsi reçu plus de 60 cm de pluie lors des dernières 24 heures, selon le NWS. Son antenne de Houston a prévenu que les « inondations catastrophiques vont empirer et pourraient être historiques ».

« C’est grave et ça va empirer », a indiqué lui aussi le gouverneur du Texas, sur Fox News Sunday, soulignant que les dégâts atteindront « des milliards de dollars ».

« Même s’il y a une accalmie aujourd’hui, ne pensez pas que la tempête est terminée », a renchéri le maire de Houston, Sylvester Turner, encourageant ses 2,3 millions d’administrés à rester chez eux pour éviter d’être piégés dans des rues transformées en rivières au débit rapide.

« La plupart des endroits de la ville subissent des inondations. Ne pensez pas qu’il est sûr de conduire n’importe où dans la ville », a tweeté le chef de la police de Houston, Art Acevedo.

Encore plusieurs jours de pluie exceptionnelle

S’il s’est progressivement affaibli pour n’être plus considéré que comme une tempête tropicale, Harvey ne se déplace que très lentement (4 km/h) et s’accompagne de précipitations d’une intensité exceptionnelle sur une longue période. « Les mêmes endroits vont recevoir la pluie pendant les prochains jours », explique Brian McNoldy, chercheur sur les ouragans à l’université de Miami. « C’est assez inhabituel » qu’un ouragan fasse du surplace, « peut-être pendant six jours ».

Selon le gouverneur du Texas, Greg Abbott, il est encore trop tôt pour donner un bilan humain. / David J. Phillip / AP

Cette progression très lente de la tempête la rend très dangereuse car le déluge va continuer sur les mêmes régions quatre ou cinq plusieurs jours. Selon le centre des ouragans, les pluies prévues au moins jusqu’à jeudi risquent de provoquer des « inondations catastrophiques et potentiellement mortelles ».

Des avis d’inondations soudaines ont été émis dans la région et les services météorologiques (NWS) ont accentué leurs mises en garde sur le fait que la « menace d’inondations catastrophiques, sans précédent et potentiellement mortelles persiste aujourd’hui et la semaine prochaine ».

D’après le dernier bulletin du Centre national des ouragans, entre 38 et 63 cm de pluie devraient encore y tomber d’ici à jeudi pouvant provoquer un cumul total allant jusqu’à 1,27 m. Soit près d’une année de précipitations en moyenne.

« Les mêmes endroits vont recevoir la pluie pendant les prochains jours », explique Brian McNoldy, chercheur sur les ouragans à l’université de Miami / AP Photo/LM Otero

Routes submergées par les flots, toitures de maisons envolées, panneaux de signalisation et lignes électriques à terre, branches d’arbres jonchant le sol… Les stigmates de l’arrivée de Harvey sont nombreux au Texas. A Port Aransas, ville côtière désertée par ses habitants, des bateaux se sont échoués au milieu des rues ou contre des bâtiments.

« Des entreprises et des maisons ont été complètement détruites et, à coup sûr, un grand nombre de vies vont être perturbées de manière importante, a déclaré C.J. Wax, maire de Rockport, sur la chaîne de télévision MSNBC. Nous avons déjà subi un coup sévère avec la tempête mais nous en anticipons un autre avec les inondations qui vont arriver de l’intérieur des terres. » L’aéroport et le lycée de cette ville de 10 000 habitants ont également subi des dommages.

A Port Aransas, ville côtière désertée par ses habitants / MARK RALSTON / AFP

Des consignes d’évacuation volontaire avaient été diffusées samedi dans plusieurs localités à risque d’inondation, notamment la ville de Corpus Christi, 325 000 habitants. A Rosharon, au sud de Houston, un centre de détention d’environ 4 500 prisonniers a été évacué face à la montée des eaux d’une rivière proche.

Menaces sur les ports et la production pétrolière

La côte texane accueille près d’un tiers des capacités de raffinerie de pétrole des Etats-Unis et le golfe du Mexique 20 % de la production américaine. Samedi à la mi-journée, 112 plateformes avaient été évacuées, représentant 24,5 % de la production quotidienne de brut et 26 % de gaz, et de nombreuses installations à terre étaient fermées.

Du côté des ports du Texas, les garde-côtes sont, eux aussi, en alerte maximale : « Nous savons que les ports de cette région sont extrêmement importants, vitaux pour l’économie du pays », a ainsi déclaré le capitaine Kevin Oditt, commandant chargé des secours pour Houston et Galveston, « et nous nous préparons à les rouvrir dès que la tempête sera passée et que les conditions météorologiques le permettront ».

Eviter la répétition de Katrina

Le président Donald Trump, qui a signé dès vendredi une déclaration de catastrophe naturelle, a appelé les équipes à « rester pleinement mobilisées » car les conséquences de Harvey vont se faire sentir lors des prochains jours, selon la Maison Blanche.

Harvey a ravivé aux Etats-Unis le traumatisme de Katrina, qui a provoqué en 2005 une catastrophe humanitaire avec plus de 1 800 morts et la destruction de quartiers entiers de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane voisine.

A l’époque, le manque de préparation et les défaillances criantes de l’Etat fédéral avaient eu des conséquences dramatiques. Le président George W. Bush avait été accusé d’indifférence envers les habitants d’une région très défavorisée et majoritairement noire.