Le chanteur Enrico Macias dans son appartement le 13 novembre 2012. / FRED DUFOUR / AFP

Enrico Macias n’a pas obtenu gain de cause. La justice a prononcé lundi 29 août une relaxe générale en faveur de Landsbanki Luxembourg, filiale d’une banque islandaise, et de ses dirigeants, qui étaient accusés d’avoir escroqué des centaines d’épargnants français, dont le chanteur. Ce dernier a quitté le tribunal sans un mot, visiblement abattu.

« Il ne résulte pas du dossier que les emprunteurs ont été victimes de manœuvres frauduleuses » en hypothéquant leurs biens auprès de Landsbanki Luxembourg, selon le tribunal correctionnel de Paris.

  • L’affaire

Il était reproché à la banque et à neuf de ses anciens dirigeants, cadres ou conseillers d’avoir, principalement en 2007, escroqué une centaine de personnes en France. La banque leur faisait hypothéquer leurs maisons ou appartements contre un crédit versé en partie en liquide, et en partie sous forme de placements financiers.

En juillet 2007, Enrico Macias et son épouse, aujourd’hui morte, avaient contracté un emprunt auprès de Landsbanki, garanti par deux biens immobiliers, dont la villa du chanteur à Saint-Tropez. Il s’agissait d’un prêt consistant à mettre en garantie un ou des biens immobiliers pour obtenir des liquidités utilisables librement et dont le montant est déterminé par la valeur des dits biens.

L’emprunteur ne reçoit qu’un certain pourcentage de la somme totale empruntée et est obligé d’investir la différence dans des supports spéculatifs. En l’occurrence des contrats d’assurance-vie dans le cas des prêts consentis par Landsbanki. Enrico Macias reçut ainsi 9 millions d’euros en liquide et le surplus de 26 millions fut investi dans trois polices d’assurance-vie : deux de 11 millions chacune et un contrat de 4 millions.

En 2008, la banque islandaise fut déclarée en cessation de paiement, puis en liquidation, et la valeur du portefeuille d’assurance-vie s’écroula. Les biens gagés ne permettant plus de couvrir les ratios de couverture du contrat de prêt, la liquidatrice réclama en 2009 le remboursement intégral du prêt. Ce à quoi le chanteur français s’opposa. M. Macias avait attaqué la banque en liquidation devant le tribunal de commerce luxembourgeois en réclamant la nullité du prêt de 35 millions d’euros.

  • La décision de justice

C’est avec cette plainte que le chanteur de 78 ans, auquel Landsbanki Luxembourg réclame les 35 millions d’euros, avait fait éclater toute l’affaire. « J’ai passé dix ans la peur au ventre de perdre mon seul bien », clamait Enrico Macias en mai au procès.

Le président Olivier Géron a estimé que les parties civiles avaient « nécessairement conscience de l’existence d’un risque » en souscrivant ces prêts litigieux, qui leur ont permis d’obtenir des fonds « que d’autres banques leur refusaient ».

Etrillant de nombreuses lacunes dans l’enquête, le président a par ailleurs estimé qu’au moment de faire signer les prêts, les prévenus n’avaient pas « volontairement dissimulé au public des faiblesses économiques telles qu’elles compromettaient la survie même » de l’établissement.

Pour le magistrat, la faillite de Landsbanki Luxembourg et de sa maison mère en 2008, sur fond de cataclysme financier international, relève des « aléas de la vie économique ». Le tribunal a donc ordonné la « restitution des créances ». En clair, il a autorisé les liquidateurs de la banque à vendre si besoin les biens hypothéqués, dont la luxueuse villa d’Enrico Macias à Saint-Tropez.