Dans les rues de Houston, au Texas, le 27 août 2017. / LM Otero / AP

Donald Trump abrogeait, mardi 15 août, par décret présidentiel, la réglementation prise en 2015 par son prédécesseur pour encadrer la construction d’infrastructures en zones inondables. Moins de deux semaines plus tard, l’ouragan Harvey noyait le Texas sous des précipitations diluviennes. Déjà, la collision des deux événements alimente, outre-Atlantique, une ironie acerbe sur la guerre déclarée par le président aux régulations environnementales. Le désastre en cours sera-t-il celui qui fera changer de posture la nouvelle administration sur la question climatique ?

S’il est impossible d’imputer un événement météorologique isolé au réchauffement en cours, Harvey apparaît néanmoins comme une concrétisation du risque climatique. « Il y a certains facteurs liés au changement climatique dont nous pouvons dire, avec un haut niveau de confiance, qu’ils aggravent les inondations », a déclaré le climatologue américain, Michael Mann, chercheur à l’université de Pennsylvanie.

D’abord, en l’état des connaissances, l’augmentation tendancielle des températures de l’atmosphère et de l’océan contribue à accroître la fréquence des cyclones tropicaux de catégories 4 et 5. « Ensuite, l’élévation du niveau de la mer due au changement climatique a été de plus de 15 centimètres au cours des dernières décennies, ajoute M. Mann. Ce qui implique que l’onde de tempête a été plus haute qu’elle ne l’aurait été, d’où plus d’inondations et de destructions. »

Exposition à une pollution majeure

L’« onde de tempête » est cette brusque montée de l’océan provoquée par les basses pressions et le vent : une part des inondations tient à cette brutale entrée de la mer à l’intérieur des terres. « La submersion dévastatrice que connaît Houston est due à cette combinaison entre inondations côtières et fortes précipitations », ajoute le chercheur. Or l’augmentation de l’intensité des pluies est également favorisée par la chaleur stockée dans les océans, qui favorise l’accumulation d’humidité dans l’atmosphère.

La vulnérabilité de l’Est des Etats-Unis au changement climatique se lit dans l’accumulation récente de catastrophes majeures. De Katrina en 2005 à Harvey en 2017 en passant par Sandy en 2012 et Ike en 2008, quatre ouragans exceptionnels ont frappé, en à peine plus d’une décennie, les côtes américaines de l’Atlantique nord. Les dommages économiques sont de plus en plus importants.

Ainsi, les trois ouragans les plus coûteux de l’histoire des Etats-Unis se sont tous produits en moins d’une décennie. Selon les estimations de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), Katrina arrive en tête avec 108 milliards de dollars, devant Sandy (75 milliards de dollars) et Ike (37 milliards de dollars).

Harvey, qui a frappé le cœur battant des industries pétrolière et pétrochimique américaines – où sont concentrées un grand nombre d’infrastructures de raffinage, de traitement et d’acheminement de produits pétroliers –, pourrait s’avérer la plus coûteuse de toutes les catastrophes météorologiques de l’histoire des Etats-Unis. Une fois les eaux retirées, c’est ensuite à une pollution majeure de leur environnement que les régions touchées seront exposées.