Le groupe pop-rock américain The Lemon Twigs, lors de leur concert au festival Rock en Seine, dimanche  27 août. / BERNARD MONASTEROLO

En fin d’après-midi, dimanche 27 août, les organisateurs de Rock en Seine ont fait part, dans un communiqué, de la fréquentation de la quinzième édition. Ce sont 110 000 festivaliers, qui du vendredi 25 au dimanche 27 août, sont venus sur la partie basse du Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), site du festival francilien depuis sa création, en 2003. La journée de samedi avait été complète. Effet possible de la venue, en soirée, des vedettes Jain, The Kills et PJ Harvey. Vendredi, les têtes d’affiche nocturnes étaient The Jesus and Mary Chain, Franz Ferdinand et Flume. Dimanche s’est révélé plus orienté rap (Cypress Hill) et électro (Rone, The XX, en clôture de la Grande Scène). Avec, aussi, la présence de quelques excentriques mais qui prennent avec sérieux la musique. Rock et soul avec King Khan, pop et folk avec Mac DeMarco, qui entre deux facéties, a surtout proposé de beaux thèmes arrangés avec soin, pop et rock avec The Lemon Twigs.

Chez ces derniers, les références se chevauchent. Le cabaret, des formes de mini-opéra outré, à la manière de Queen, le rock’n’roll des origines, la pop un rien psychédélique, le punk rock, la country (le groupe reprend sur scène Fish and Whistle, de John Prine), des évocations en pagaille de quelques furieux comme The Kinks ou The Who et d’autant de mélodistes comme Paul McCartney ou Todd Rundgren…

The Lemon Twigs, fratrie pop farfelue

Tout cela finit par faire un style et paradoxalement une personnalité. A la tête du groupe américain, les frères Brian et Michael D’Addario, respectivement 20 et 18 ans, tous deux compositeurs, paroliers, chanteurs, guitaristes, batteurs, claviéristes… Autant leur disque Do Hollywood, est précis, travaillé, autant son rendu en concert peut devenir farfelu. Et sur la scène de l’Industrie, les deux frères y vont franchement, sautent un peu partout, passent de la guitare à la batterie, se font comédiens, laissent l’énergie prendre le dessus, parfois à la limite du dérapage vocal. Et au dernier moment, là aussi question de style, sauvent leurs créations kaléidoscopiques.

Un peu plus tôt, sur la scène de La Cascade, tout au contraire, c’est le lâcher prise qui avait manqué au Britannique George Ezra, 24 ans. Appliqué, un rien statique derrière son micro, rien de la « bête de scène ». Mais sur le plan vocal, Ezra se place dans le haut du tableau : timbre profond de baryton, juste, précis dans l’émission, lyriquement expressif. Sa chanson à succès ­Budapest, en 2013, ritournelle bien menée, menait à une fausse piste. A l’occasion de ce concert, on perçoit chez George Ezra une gravité musicale et tout ce que le blues et la soul ont pu lui apporter.