L’histoire, d’abord rapportée par plusieurs médias israéliens avant d’arriver sur d’autres sites étrangers, s’est avérée complètement fausse. Mais elle s’est quand même retrouvée sur le mur Facebook du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui a dû précipitamment l’enlever et essuyer des accusations d’avoir l’instrumentaliser pour en tirer des avantages politiques.

Au centre de la confusion, une pièce de monnaie retrouvée par une petite fille. Hallel Halevy, 8 ans, habite dans la colonie de Halamish, au nord de Ramallah (Cisjordanie). En amenant sa petite sœur à l’école, elle découvre, dans la rue, une pièce. La voyant, son père tente de la faire authentifier, d’autant qu’en plus d’avoir l’air ancienne, elle a été ramassée près d’un site archéologique vieux de 2 000 ans.

Le début du processus d’authentification est assez informel puisque c’est un voisin, professeur spécialiste de l’histoire ancienne de Jérusalem, qui est mis à contribution. En se basant sur la typographie des mots gravés sur la pièce, et de son poids, il conclut qu’il pourrait s’agir d’un demi-sheckel datant de la première guerre judéo-romaine (66 ap. J.C. et 73 ap. J.C), et donc vieux de près de 2 000 ans. Le professeur est cité dans un article d’Israel National News, qui sera largement repris : « La pièce apparaît authentique, au moins à l’œil nu, explique-t-il. Mais c’est impossible à savoir avec certitude avant les tests en laboratoire. »

« On ne peut même pas la considérer comme une fausse pièce »

Il n’aura pas fallu attendre les tests pour découvrir que le demi-sheckel de plus de 2 000 ans n’en était pas un. Le Times of Israël, qui avait aussi repris l’information, a été contacté par le docteur Haim Gitler, conservateur chargé de l’archéologie au musée d’Israël.

La pièce de monnaie, leur a-t-il dit, « n’a aucune chance d’être authentique. L’appeler une pièce de monnaie serait même une exagération ». Il s’agit d’une des dizaines de milliers de fausses pièces données en souvenir depuis une vingtaine d’années aux élèves qui viennent visiter le musée d’Israël. « On ne peut même la considérer comme une fausse pièce de monnaie, parce que son but n’est pas de se faire passer pour une pièce », a-t-il dit. C’est un simple souvenir, pris dans la précipitation pour un trésor archéologique.

Une des personnes prises dans cette précipitation a été Benyamin Nétanyahou. Sur sa page Facebook, le premier ministre israélien, sous qui la colonisation a proliféré, a posté une photo de ladite pièce, l’accompagnant d’une légende à gros sous-entendu politique :

« Cette formidable découverte est une preuve supplémentaire du lien profond entre le peuple d’Israël et sa terre. »

Une fois la confusion mise au jour, le post et les conclusions tirées sont devenus gênants. Le message a été effacé « jusqu’à ce qu’on y voie plus clair », a indiqué un assistant de M. Nétanyahou. Comme Internet n’oublie jamais, la capture d’écran, elle, est restée.