Le tir de missile balistique diffusé sur un écran géant à Pyongyang, mercredi 30 août. / KYODO / REUTERS

Un « lever de rideau ». C’est ainsi que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a qualifié mercredi 30 août le tir du missile qui a survolé le Japon mardi. Pyongyang a promis que de nouveaux tirs similaires seraient effectués alors que le survol de l’archipel nippon par un Hwasong-12 de portée intermédiaire a constitué une nouvelle escalade dans la crise nord-coréenne.

Le tir de mardi a été « un prélude important pour contenir Guam, base avancée de l’invasion », a assuré le dictateur nord-coréen, et une première étape avant des « contre-mesures résolues » face aux manœuvres militaires communes auxquelles procèdent actuellement les armées américaine et sud-coréenne en Corée du Sud. Pyongyang considère ces exercices militaires réguliers entre Séoul et Washington comme la répétition générale d’une invasion.

Le Rodong Sinmun, organe du parti unique au pouvoir en Corée du Nord, a reproduit mercredi une vingtaine de photos du tir, dont une montrant Kim Jong-un, hilare, entouré de ses conseillers, une carte du nord-ouest du Pacifique posée sur son bureau.

Deux projectiles avaient déjà survolé le Japon en 1998 et 2009. Pyongyang les avait alors présentés comme des engins civils destinés au lancement de satellites, alors que Washington, Séoul et Tokyo étaient convaincus qu’il s’agissait d’essais déguisés de missiles à usage militaire. Le régime nord-coréen à, cette fois, reconnu, et pour la première fois, avoir tiré un missile au-dessus de l’archipel nippon.

Flou sur la réponse américaine

Donald Trump a estimé mercredi que discuter avec la Corée du Nord n’était « pas la solution ». Son tweet, ambigu, a ainsi laissé entendre que la recherche d’une solution diplomatique avec le régime de Pyongyang était, quoi qu’il arrive, vouée à l’échec.

La veille, le président américain avait pourtant déclaré que « toutes les options » étaient sur la table ; des propos plus diplomatiques que les menaces formulées au début d’août, lorsque M. Trump avait promis « le feu et la colère » sur la Corée du Nord. L’ambassadrice américaine à l’ONU avait parallèlement plaidé pour une décision « forte ».

Les propos du président ont toutefois été tempérés quelques heures plus tard par son ministre de la défense, Jim Mattis. « Nous ne sommes jamais à court de solutions diplomatiques », a-t-il assuré. Mardi, le Pentagone avait affirmé que les Etats-Unis n’avaient pas été menacés par le missile nord-coréen, de portée intermédiaire.

Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson avait récemment réaffirmé qu’il était ouvert à des négociations avec Pyongyang, à condition qu’elles portent sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.

Pas de renforcement des sanctions à l’ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence mardi soir pour aboutir à une réponse très rapide à la suite du tir de missile, selon une source diplomatique. Mais, si Pékin et Moscou, les deux alliés-clés de Pyongyang, ont soutenu la déclaration commune du Conseil, cette dernière ne prévoit pas de renforcer les sanctions contre la Corée du Nord.

Mercredi, la Chine, premier partenaire commercial de la Corée du Nord, a appelé à persévérer dans la recherche d’une solution « diplomatique et pacifique » à cette crise, et critiqué les appels répétés qui lui sont adressés par les Etats-Unis pour accentuer sa pression sur Pyongyang. La Russie adopte une position proche, dénonçant régulièrement une « tendance » à « l’escalade » des tensions.

Le Conseil a ainsi réaffirmé son engagement envers un règlement pacifique, diplomatique et politique de la crise. Mais toute discussion est gelée depuis plusieurs années et aucune perspective de relance ne fait jour aujourd’hui.

A défaut, le texte demande « à tous les Etats membres de strictement et pleinement appliquer » les résolutions de l’ONU, dont celles imposant des sanctions économiques à la Corée du Nord. La septième salve de sanctions adoptée en août visait à priver Pyongyang de 1 milliard de dollars de recettes tirées de ses exportations de charbon, de fer, de minerai de fer et de sa pêche.

Selon des sources diplomatiques, l’ONU garderait en réserve d’autres possibilités de sanctions : le renvoi des travailleurs nord-coréens employés à l’étranger dans leur pays, ou des mesures touchant au secteur du pétrole, par exemple.