Dans L’Humanité, mardi 29 août, Philippe Martinez recourait à un langage très virulent contre la réforme du code du travail, jugeant qu’en la présentant comme « la seule solution pour réduire le chômage », il s’agissait d’un « mensonge d’Etat ». Le même jour, lors de sa conférence de presse de rentrée, le secrétaire général de la CGT a baissé d’un ton, se moquant d’« un discours centenaire qu’on nous présente comme moderne dans la bouche d’un jeune président ».

Juste avant son intervention, Matignon avait fait un geste en direction de la centrale farouchement opposée à cette « loi travail XXL », en accédant à sa demande de tenir, jeudi 31 août à 9 h 45, juste avant la présentation officielle, à midi, des ordonnances, une réunion multilatérale avec tous les partenaires sociaux.

« D’autres initiatives »

Sur son opposition à cette réforme, qui « est d’abord une réponse aux exigences des grandes entreprises et du Medef », la CGT ne lâche rien et prépare activement sa journée de grèves et de manifestations du 12 septembre, élargie aux autres « mesures antisociales » du gouvernement, de la baisse des APL à la hausse de la CSG ou à la « mise à l’index » des fonctionnaires. Mais M. Martinez reconnaît un changement de « méthode » par rapport à la loi El Khomri, alors qu’il dénonçait une concertation « faire-valoir », à l’avance pipée, et s’est « félicité » d’une réunion multilatérale « qui permette à tout le monde d’entendre la même chose ».

Catherine Perret, la numéro deux de la CGT, a fait état, lors de la dernière réunion bilatérale avec le cabinet de la ministre du travail, le 23 août, de la « fébrilité » de ses interlocuteurs quant à la capacité de la centrale à mobiliser le 12 septembre. « Le gouvernement avance sur des œufs, a-t-elle assuré. Ils ne sont pas tranquilles. »

M. Martinez ne veut pas donner l’impression que le 12 septembre sera un baroud d’honneur et souhaite inscrire une mobilisation dans la durée car les ordonnances « ne rentrent dans la loi que trois ou quatre mois après ». « Il y a un fort mécontentement dans le pays, a-t-il affirmé. Nous allons nous battre pour que ce mécontentement se transforme en mobilisation. Le 12 septembre n’est qu’une première étape. On est conscient qu’il ne suffira pas. C’est pour cela qu’on prendra d’autres initiatives. » Faisant état de la participation de Solidaires, de l’UNEF, de la FSU – qui syndique des fonctionnaires, non concernés par la réforme – et de FO « dans plusieurs départements et une profession [les transports] », il a plaidé pour une « unité syndicale la plus large ». Il a relevé le concours de « sections » de la CFE-CGC, dont le président, François Hommeril, préconise « un mouvement unitaire » contre les ordonnances.

Le secrétaire général de la CGT s’est clairement démarqué de La France insoumise, qu’il n’a pas citée, par rapport à sa manifestation du 23 septembre. « Nous ne contestons à aucun parti politique d’avoir des initiatives, a-t-il énoncé. Dans un souci d’indépendance, nous avons notre propre calendrier syndical. »

Alors que Jean-Luc Mélenchon est soupçonné d’empiéter sur le terrain syndical, M. Martinez lui a décoché une flèche : « C’est bien de souligner l’indépendance de la CGT vis-à-vis des partis politiques. » Une autre flèche a visé le chef de l’Etat. Sa volonté de modifier la directive sur les travailleurs détachés lui a valu un bon point – « c’est une très bonne chose » – mais il lui a reproché de refuser une réglementation européenne sur les salaires minimaux en Europe. « Il veut lutter contre le moins-disant social, a-t-il ironisé, mais alors pourquoi veut-il baisser les droits des salariés en France ? »