Donner naissance à son enfant à la maison ou dans un lieu autre qu’un hôpital est une situation très peu fréquente en France. Alors que la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa a ouvert, à la fin de juillet, un débat sur les « violences obstétricales », notamment la pratique de l’épisiotomie, et plus généralement sur les conditions d’accouchement dans les structures de soins, l’Institut national de la statistique (Insee) publie, mercredi 30 août, une analyse des lieux de naissance des enfants en 2016.

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Cette étude confirme la médicalisation quasi généralisée de l’accouchement en France. Sur les 784 000 naissances recensées, seules 1 % ont lieu en dehors d’une maternité. L’Insee ne distingue pas ce qui relève du choix de faire naître un enfant à la maison, ou du déclenchement inopiné, qui peut conduire à donner naissance chez soi ou en chemin vers une structure de soins (dans un camion de pompiers, une voiture…).

Des établissements de plus en plus grands

Accoucher seule est rarissime. Dans neuf cas sur dix, même en dehors de la maternité, les mères ont bénéficié du soutien d’un médecin ou d’une sage-femme. Ces femmes qui accouchent en dehors d’un établissement de soins le font beaucoup plus souvent que les autres dans leur commune de résidence (trois cas sur quatre).

Le chiffre illustre l’autre fait majeur mis en évidence par l’Insee : les femmes accouchent de moins en moins dans leur commune de résidence, et le font dans des établissements de plus en plus grands. Les naissances enregistrées dans la commune de résidence de la mère diminuent fortement, passant de 36 % en 1980 à 28 % en 2016. Parallèlement, les naissances dans d’autres communes que celle de la résidence augmentent (52 % en 1980 à 59 % en 2016). La part des naissances en dehors du département de domicile reste stable (autour de 12 %).

Du fait de la concentration des établissements de santé, les deux cents communes françaises enregistrant le plus grand nombre de naissances voient naître quatre bébés sur cinq. En tête du palmarès figurent Paris (42 000 naissances), Toulouse (15 000), Marseille et Lyon (14 000 chacune).

Moins de 17 minutes pour se rendre dans une maternité

Cette évolution est la conséquence des fermetures de petites maternités qui ont eu lieu depuis le début des années 1970. Entre 1975 et 2015, près des deux tiers des maternités ont fermé.

Cette politique, guidée à la fois par des impératifs de sécurité et de rentabilité, n’a cependant pas augmenté le temps d’accès médian pour se rendre dans le lieu prévu de l’accouchement : la moitié des femmes met moins de 17 minutes pour se rendre sur place.

L’augmentation de la taille des maternités a-t-elle fait évoluer les conditions de l’accouchement ? Les grandes structures, parfois péjorativement qualifiées d’« usines à bébés », offrent une prise en charge plus sécurisante sur le plan médical que les petites, mais souvent fragmentée. La future mère est suivie par plusieurs personnes avant l’accouchement, ne connaît pas les personnels présents le jour de l’accouchement, ni lors des suites de couches.

Cependant, les femmes qui ont mal vécu leur accouchement mettent en cause aussi bien des petites structures que des grandes (et aussi bien les hôpitaux publics que les cliniques privées). Un rapport, commandé au Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes par Mme Schiappa devrait permettre de mieux cerner le phénomène.

Les maisons de naissance encore peu répandues

Les premiers pas des maisons de naissance, une alternative à l’accouchement en milieu hospitalier, sont balbutiants en France. Une dizaine d’expérimentations ont été autorisées en 2015. L’objectif de ces structures est de répondre à la demande de femmes souhaitant accoucher de façon « physiologique », c’est-à-dire sans anesthésie péridurale. Cette dernière était administrée dans 82 % des accouchements en 2010 selon la dernière enquête périnatale. Une ou deux sages-femmes suivent la future mère pendant sa grossesse, son accouchement, et après la naissance. Ces structures doivent cependant toujours se trouver au sein d’un hôpital ou à proximité en cas de complication.

L’Insee actualise et confirme par ailleurs le chiffre de la natalité en France, publié en janvier dans son bilan démographique annuel : 784 000 enfants sont nés l’année dernière, soit 15 000 naissances de moins qu’en 2015. Un chiffre qui est en baisse pour la deuxième année d’affilée. Le taux de fécondité s’établit à 1,93 enfant par femme. La baisse de la fécondité des femmes jeunes (moins de 30 ans), explique en partie cette évolution.