Au moins 18 500 Rohingya – groupe ethnique de confession musulmane vivant principalement dans l’Etat d’Arakan, dans le sud-ouest de la Birmanie – ont traversé la frontière en cinq jours pour se réfugier au Bangladesh voisin pour fuir les combats qui ont éclaté la semaine dernière entre l’armée birmane et les rebelles musulmans Rohingya, a annoncé mercredi 30 août l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Cette estimation est cependant le résultat d’une compilation de données recueillies par les organisation non gouvernementales venant en aide aux réfugiés au Bangladesh dans la région de Cox Bazar. Or, depuis la reprise des combats, un certain nombre de Rohingya ont été repoussés à la frontière alors qu’ils tentaient de fuir la Birmanie.

« Nous savons aussi qu’il y a des gens coincés à la frontière, mais nous ne savons pas combien », a déclaré Chris Lom, porte-parole de l’OIM. Plusieurs dizaines de réfugiés ont par ailleurs été arrêtés par les autorités du Bangladesh et renvoyés en Birmanie.

De nombreux morts dans des affrontements

Vendredi, environ 150 rebelles musulmans de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA) se sont attaqués à des postes de police du Myanmar (nom officiel de la Birmanie), armés de couteaux et de fusils. Les violences ont fait au moins 104 morts, dont une douzaine de policiers birmans et de nombreux rebelles.

Considérés comme des étrangers en Birmanie, pays à plus de 90 % bouddhiste, les Rohingya sont apatrides, même si certains vivent dans ce pays depuis des générations. Ils n’ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux, et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l’hostilité à leur encontre, avec des affrontements meurtriers.

Mardi 29 août, le haut-commissaire de l’Organisation des Nations unies (ONU) chargé des droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al-Hussein, a estimé que les violences qui ont éclaté la semaine dernière étaient « regrettables » mais qu’elles étaient « prévisibles et auraient pu être empêchées. » L’ONU s’est par ailleurs inquiétée des réponses birmanes violentes aux attaques des rebelles. « Des décennies de violations persistantes et systématiques des droits de l’homme, y compris les très brutales réponses sécuritaires aux attaques depuis octobre 2016, ont presque certainement contribué à alimenter un extrémisme violent, dont personne ne sort vainqueur », a estimé le haut-commissaire.