Documentaires sur France 3 à 20 h 55 et 22 h 30

La commémoration de la brutale disparition de Lady Di le 31 août 1997 met en lumière, outre la cote d’amour inentamée de la « princesse du peuple », la dynastie Windsor. Née il y a juste un siècle, le 17 juillet 1917, quand la maison de Hanovre, devenue en 1901 Saxe-Cobourg-Gotha et que Edouard VII succède à sa mère Victoria tout en adoptant le nom de son père, entend gommer son ascendance allemande – malséante au cœur de la Grande Guerre – la famille royale intrigue autant qu’elle fascine. Et particulièrement le couple qui incarne depuis plus 65 ans une pérennité unique, tenue parfois pour un immobilisme obsolète (« surtout ne rien dire, surtout ne rien montrer, surtout ne rien changer »).

Elizabeth et Philip, sur le point de fêter leur 70 ans de mariage. Une longévité qui suggère une fossilisation à examiner de plus près. Selon Elizabeth II La révolution d’une reine, la précoce accession au trône la jeune femme – elle n’a pas 26 ans quand son père George VI meurt en février 1952 – a brusquement révélé sa nature nouvelle.

La reine Elizabeth II. / FRANCE 3

Entrée en sacerdoce, Elizabeth est désormais habitée par une mission qui la lie à des usages, des pratiques et des rites ancestraux et immuables, qui l’isolent. Il faudra près d’un demi-siècle, l’incendie de son château de Windsor le 20 novembre 1992, 45 ans jour pour jour après ses noces, la polémique publique sur l’exonération fiscale de la famille royale, le traumatisme de la mort de Diana enfin, pour que la Reine révise sa position, sorte de la réserve qui la fait percevoir comme insensible, presqu’inhumaine.

Sans doute le solde des griefs familiaux qui ne devaient jamais transparaître est lié à la la promesse que représente pour la reine le prince William, devenu adulte et garant d’une dynastie rajeunie. Jeune femme privée d’insouciance par des responsabilités aussi uniques qu’écrasantes, Elizabeth est l’otage d’une fonction qui l’empêche de rester accessible. Jusqu’à ce que le grand âge, les drames et la mort de sa mère, à près de 102 ans, l’émancipent enfin. Jusqu’à révéler un humour sur lequel peu auraient misé, quand elle donne la réplique à Daniel Craig-James Bond pour les JO de Londres…

Si la reine semble désormais plus libre, son époux l’est tout à fait, puisqu’il a renoncé à tout engagement public depuis le 2 août 2017. Un soulagement sans doute pour Philip d’Edimbourg dont le calvaire aura duré autant que le règne de son épouse. Imaginez un homme autoritaire, qui aime commander, sans ménagement, qualités bienvenues chez un officier de marine, qui se voit soudain, par l’élévation de sa femme, condamné à vivre en retrait, réduit à l’invisibilité ou à l’impuissance, sauf à multiplier les frasques et les bourdes pour exister quand même.

Le mari de la reine: l'inconnu de Buckingham - Bande annonce - Toute L'Histoire
Durée : 00:57

Tenu pour prince consort sans en avoir jamais obtenu le titre – une vexation de plus pour cet homme dont les conservateurs désapprouvèrent l’union princière, et qui ne put donner son nom, celui de son tuteur, Lord Mountbatten, à ses premiers enfants – Philip de Grèce est certes né à Corfou en juin 1921 au sein d’une famille prestigieuse mais désargentée, très vite réduite à chercher asile loin de la Grèce chez des parents plus fortunés.

Le jeune homme n’aura de cesse de trouver une famille – ce que la Navy sera pour lui – un nom et une maison, ballotté entre protecteurs et tuteurs jusqu’à ce que son oncle maternel Louis Mountbatten, ne prenne sa carrière, militaire et mondaine, en main. Mais si le mariage princier augurait le conte de fée, la mort de George VI le renvoya à l’ombre. Soixante-cinq ans plus tard, le retrait est légitime.

Elizabeth II, la révolution d’une reine, de Pierre Hurel (Fr., 2015, 95 min) et Le Mari de la reine, l’inconnu de Buckingham, d’Anaïs Feuillette et FX Goby (Fr., 2015, 55 min).