Le Paris Saint-Germain a confirmé jeudi 31 août l’arrivée, pour un prêt d’un an avec option d’achat, de l’attaquant français Kylian Mbappé, révélation de la saison dernière sous le maillot de l’AS Monaco.

Pourquoi Kylian Mbappé a-t-il choisi le Paris Saint-Germain ?

Parce que c’est le club de son cœur, bien entendu. Comme à chaque transfert de footballeur. Plus sérieusement, s’il n’a jamais fait croire qu’il était supporteur du PSG depuis tout petit, Kylian Mbappé a choisi dès le début de l’été de rejoindre le Paris Saint-Germain, le club de sa région. Né à Bondy, dans la Seine-Saint-Denis, Mbappé a conservé des liens forts avec sa ville et son premier club, l’AS Bondy.

« C’est un choix à cent pour cent sportif. Kylian voulait rester en France. Avant d’aller à l’étranger, il veut marquer l’histoire de sa ville et de son pays. Le PSG le veut depuis qu’il a 9 ans », rappelait dimanche soir au Monde l’entourage du jeune buteur.

Mbappé avait pourtant de nombreux autres prétendants, dont les entraîneurs se sont personnellement entretenus avec lui dans le but de le convaincre de les rejoindre : Real Madrid, Manchester City, Liverpool FC… Des destinations qu’aurait préférées la direction de l’AS Monaco, puisqu’elles permettaient de ne pas renforcer un concurrent direct.

Mais Mbappé, comme le PSG, ont fait preuve d’obstination. Paris était l’un des seuls clubs en Europe capables d’offrir au jeune international (quatre sélections) le salaire auquel il prétendait — et dont le montant définitif n’a pas encore filtré.

Quand Kylian Mbappe découvre sa fiche de paie au Paris Saint-Germain. / ERIC GAILLARD / REUTERS

Pourquoi le PSG a-t-il accepté de verser 180 millions d’euros ?

L’Observatoire international du football évaluait sa valeur à presque deux fois moins (101 millions d’euros), notamment parce que le contrat de Mbappé arrivait à échéance en 2019. L’été prochain, à un an de la fin de son contrat, Monaco en aurait donc tiré beaucoup moins.

La somme, fixée par l’AS Monaco depuis l’ouverture du marché des transferts, apparaît démesurée pour un joueur de 18 ans et demi seulement. Mais c’est justement son âge qui fait la valeur de l’indemnité de transfert : que Mbappé réussisse ou non à Paris, s’il part dans quelques années, sa valeur de revente restera très élevée en raison de son âge et des promesses montrées la saison dernière sous le maillot monégasque.

Le poste de Mbappé et son image de marque, notamment pour un club français, renchérissent également sa valeur. Enfin, l’imminence de la fin du marché des transferts (jeudi soir) a pu également contribuer au fait que Paris cède aux exigences monégasques.

Pourquoi est-il prêté sans option d’achat obligatoire ?

C’était sans doute la condition pour que Paris puisse réaliser cette opération : ce prêt sans option d’achat obligatoire permet au PSG de ne pas inscrire cette dépense de 180 millions d’euros dans ses comptes dès cette saison.

Paris est en effet sous la menace du dispositif mis en place par l’UEFA en 2011, le fair-play financier, selon lequel un club ne peut dépenser plus qu’il ne gagne Il a déjà été sanctionné en 2014 pour le déséquilibre excessif de ses comptes et a dépensé 237 millions d’euros cet été pour le recrutement de Neymar et de Yuri Berchiche (son autre recrue, Daniel Alves, est arrivé libre).

Les conditions pour la levée de l’option d’achat ne sont pas connues, mais il est hautement probable que les conditions fixées soient écrites de telle façon que le Paris Saint-Germain devra forcément l’activer. Ainsi, Le Parisien croit savoir que l’achat sera automatique en cas de...maintien du club en Ligue 1, ce que le PSG devrait être en mesure de faire.

Kylian Mbappe à son arrivée à Clairefontaine, lundi matin 28 août, pour le rassemblement de l’équipe de France. / GONZALO FUENTES / REUTERS

Nasser Al-Khelaïfi sera-t-il lynché par l’UEFA ou par un club rival ?

La détermination du président qatari du PSG à recruter ce qui se fait de mieux en Europe, quel qu’en soit le prix, énerve les clubs dominant historiquement le football européen. D’autant plus lorsque ceux-ci sont les victimes directes de l’activité parisienne, comme le FC Barcelone, déboussolé par la perte de Neymar, et le Real Madrid, battu sur le dossier Mbappé.

« Il y aura une réaction des grands clubs européens », prévient Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique lyonnais et membre du bureau de l’Association européenne des clubs européens (ECA). Le président du directoire du Bayern Munich, Karl-Heinz Rummenigge, a distillé tout l’été des déclarations offensives vis-à-vis des dépenses jugées inconsidérées du PSG.

Dans un premier temps, le PSG va devoir vendre, et bien vendre, plusieurs joueurs, si possible d’ici la fin de ce mercato ou, au pire, dans l’exercice comptable s’achevant le 30 juin 2018. Outre Serge Aurier et Gregorz Krychowiak, des dossiers en souffrance depuis trois mois, le club de la capitale devra se débarrasser d’un ou plusieurs de ses huit internationaux à vocation offensive (pour trois ou quatre places sur le terrain). A la fin de la semaine, les rivaux du PSG mais surtout l’UEFA feront les comptes. « Nous essaierons d’aider, de prévenir, mais nous n’aurons pas peur de punir », a prévenu le président de l’instance européenne, le Slovène Aleksander Ceferin, dans une interview à plusieurs journaux européens la semaine dernière. « Nous pouvons exclure de nos compétitions, retirer des points… »

Aucune sanction dans le cadre du fair-play financier n’est toutefois à craindre dans l’immédiat pour le PSG. Les exercices comptables se clôturant en juin, l’achat de Neymar ne sera pas inspecté par l’UEFA avant octobre 2018. Et celui de Mbappé avant octobre 2019 si, comme l’écrit Le Parisien, l’option d’achat est levée le 1er juillet prochain. Le PSG va devoir, d’ici là, faire exploser ses revenus publicitaires et marketing. Une victoire en Ligue des champions aiderait aussi.

La Ligue 1 est-elle déjà terminée ?

Certes, le PSG s’est offert un effectif capable de remporter à la fois la Ligue des champions et la Ligue 1. Mais Unaï Emery va devoir gérer l’intégration de trois nouveaux titulaires dans l’équipe : Alves, Neymar et Mbappé. Ainsi que ménager les ego d’internationaux relégués sur le banc.

Monaco, à en juger par son début de saison et l’humiliation infligée à l’OM dimanche soir (6-1), ne souffre pas encore des départs conjugués de Benjamin Mendy, Bernardo Silva, Tiémoué Bakayoko et Kylian Mbappé. Leonardo Jardim et l’envie qui transpirent de son équipe sont restés.

En attaque, le Monténégrin Milan Jovetic est arrivé suivi du Sénégalais Baldé Keita, grand espoir auteur de 16 buts en Serie A sous les couleurs de la Lazio Rome l’an dernier. Le départ de Fabinho, courroie de transmission du milieu de terrain monégasque, serait en revanche un énorme coup dur pour le champion de France en titre… et le suspense en Ligue 1.

Les deux équipes ont en tout cas commencé la saison avec quatre victoires, ce qui ne s’était pas vu depuis un demi-siècle.