Wesley Sneijder, la veille de France-Pays-Bas, programmé jeudi 31 août. / Christophe Ena / AP

Les Bleus devront se méfier de ses ouvertures millimétrées et autres coups de patte ciselés. A l’instar de son compatriote Arjen Robben, âgé comme lui de 33 ans, le Hollandais Wesley Sneijder est la principale menace qui plane sur l’équipe de France, opposée aux Pays-Bas, jeudi 31 août, à Saint-Denis, en match qualificatif pour le Mondial 2018, organisé en Russie. L’inoxydable numéro 10 des Oranje (131 apparitions, 31 buts depuis 2003) donne l’impression d’étirer sa carrière internationale à l’infini.

Taulier d’une sélection en plein changement de cycle, l’ex-meneur de jeu de l’Ajax Amsterdam (2002-2007), du Real Madrid (2007-2009) et de l’Inter Milan (2009-2013) espère disputer, en Russie, sa dernière compétition internationale. Et surtout permettre aux Bataves, troisièmes du Mondial 2014 mais privés d’Euro 2016, de revenir sur le devant de la scène du football mondial. En cas de défaite face aux Tricolores, les chances des Néerlandais de valider leur ticket pour le prochain tournoi planétaire seraient particulièrement compromises.

Les performances de Sneijder au Stade de France seront d’autant plus scrutées que le vétéran hollandais s’est engagé, cet été, à l’OGC Nice. Après quatre saisons au club turc du Galatasaray d’Istanbul, avec lequel il remporta six titres, le milieu de poche (1,70 m) est arrivé comme une rock star sur la Côte d’Azur. Cheveux ras et regard d’acier, le natif d’Utrecht s’est engagé pour une saison (avec option) avec les Aiglons. Il venait ainsi élargir la colonie hollandaise déjà présente en Ligue 1 (Depay et Tete à Lyon, Kongolo à Monaco).

Une belle cote de popularité à Nice

Lors de son premier entraînement, sur les terrains vieillissants du complexe Charles-Ehrmann, Sneijder a été ovationné par une myriade de supporteurs niçois, heureux d’accueillir l’un des joueurs européens les plus titrés (cinq championnats nationaux, une Ligue des champions à son palmarès), un an après le recrutement de l’Italien Mario Balotelli.

S’il a échoué à hisser l’OGC en phase finale de Ligue des champions (défaite en barrages face à Naples), le Néerlandais jouit d’une belle cote de popularité auprès des tifosi niçois. « On est fiers d’accueillir un joueur d’un tel calibre », confie Lloris de Gregorio, gérant de l’une des pages Facebook les plus fréquentées d’aficionados des Aiglons. Avant le match France-Pays-Bas, le supporteur se dit « heureux qu’un de nos joueurs soit aligné sur une rencontre de prestige », alors que Sneijder pourrait croiser, à Saint-Denis, son coéquipier niçois Christophe Jallet, convoqué par le sélectionneur Didier Deschamps.

A l’unisson, les supporteurs de l’OGC saluent le coup réalisé, lors du mercato estival, par le président du club, Jean-Pierre Rivère. Les coups de sang légendaires de Sneijder sont vus d’un œil bienveillant par les tifosi niçois. « Son arrogance, sa manie de lever les bras par agacement, on en sourit, assure Jordan, un fan des Aiglons. Les joueurs caractériels, nous à Nice, on aime ça ! C’est cette grinta qui nous permettra de se sortir de situations compliquées. »

« Il est vraiment là pour le projet sportif »

Impitoyable, la presse sportive française a souligné le manque de condition physique du Batave, à court de forme en ce début de saison et transparent lors de ses premières sorties en Ligue 1. Le 19 août, lors de la 3e journée du championnat, le meneur de jeu a ainsi été plusieurs fois aperçu en train de se replacer en marchant lors de la victoire (2-0) contre Guingamp. « C’est l’apanage des grands numéros dix à l’ancienne. L’Argentin Riquelme faisait la même chose », relativise Jordan. La préparation tronquée du finaliste malheureux du Mondial 2010 explique ses efforts irréguliers sur les pelouses.

Mais les fans niçois réfutent l’idée d’une préretraite sur la Côte d’Azur pour l’ancien stambouliote, qui aurait mérité de remporter le Ballon d’or en 2010. « Il est vraiment là pour le projet sportif. S’il avait voulu une retraite dorée, il serait allé en Chine ou en MLS américaine » note Lloris de Gregorio. Les supporteurs niçois saluent la culture de la gagne, la science de la passe et l’expérience du trentenaire, capable d’insuffler une nouvelle dynamique alors que l’OGC, troisième la saison passée, stagne à la 17e place au classement de Ligue 1 après quatre journées de championnat.

Des qualités qui pourraient s’avérer utiles à l’équipe entraînée par le Suisse Lucien Favre, reversée en Ligue Europa. Symboliquement, Sneijder a récupéré son numéro 10 fétiche, jusqu’ici détenu par son coéquipier Mickaël Lebihan. Au sein du vestiaire niçois, on loue d’ailleurs l’humilité, l’aura et le professionnalisme du Hollandais, soucieux d’épauler les jeunes joueurs du club. Au prix d’une préparation physique poussée, le Batave entend être à « 100 % » dans plusieurs semaines. Pour enfin faire parler la poudre sur les pelouses de Ligue 1.