« Ce qui compte, ce n’est pas la destination, c’est le voyage », aurait dit Robert Louis Stevenson. L’écrivain écossais – un des pionniers du tourisme – a su faire goûter ce plaisir du cheminement dans son savoureux Voyage avec un âne dans les Cévennes, paru en 1879. Bien des révolutions du transport sont passées depuis, qui ont bouleversé le déplacement et l’industrie touristique.

La dernière de ces mutations n’est pas la moindre. Elle fait la part belle à l’innovation numérique, l’intelligence artificielle et les nouvelles prouesses de la mobilité électrique. Elle est en train d’accoucher de nouveaux véhicules, moyens de déplacement et façons de bouger qui auront forcément des effets majeurs sur la manière d’envisager le tourisme. En voici cinq exemples.

Un transport par lévitation

L’hyperloop circulerait en lévitation dans un tunnel, à 1 200 km/heure. Ici celui de l’américain Hyperloop One. / Hyperloop One

Un train qui lévite dans un tunnel géant et parcourt 1 200 kilomètres en une heure. Cette idée incroyable n’est pas une chimère et pourrait bien être testée audébut de la prochaine décennie. Le projet lancé par Elon Musk, le fondateur de Tesla (qui s’en est depuis détaché), s’appuie sur la technologie des tubes à air comprimé des anciens courriers pneumatiques.

Trois start-up sont en course pour être la première à faire fonctionner un hyperloop : la canadienne TransPod et les américaines Hyperloop Transportation Technologies et Hyperloop One (dans laquelle la SNCF a investi et qui vient de réussir à faire parcourir 450 mètres à 310 km/h à un prototype cet été). Ces deux dernières ont jeté leur dévolu sur les Emirats arabes unis, où elles espèrent relier Dubaï à Abou Dhabi en une dizaine de minutes.

C’est là, dans le désert de la péninsule Arabique, que les projets sont les plus avancés. Les deux émirats pétroliers ont décidé de faire du tourisme haut de gamme l’un des vecteurs de leur croissance hors pétrole.

Un véhicule volant

Le prototype Ehang 184, l’un des plus avancés parmi les nombreux projets de « voitures volantes ». / Ehang

Imaginez un drone gros comme une petite voiture capable de rouler au sol mais aussi de voler. Vous le faites venir avec votre smartphone, vous cliquez sur une destination ou un circuit, vous montez dans l’engin avec votre compagnon de voyage, et c’est parti pour un survol spectaculaire et exclusif de la baie de Rio, du Loch Ness ou du Grand ­Canyon du Colorado.

« Laissons l’humanité voler librement comme un oiseau. » C’est la devise d’Ehang, start-up sino-américaine basée à Canton et en Californie, et dont le prototype Ehang 184 est l’un des plus avancés parmi les nombreux projets de « voitures volantes ». Ces véhicules seront expérimentés à ­Dubaï en conditions réelles cette année. D’autres entreprises mènent des projets similaires. Tel le prototype de véhicule modulaire volant Pop-Up lancé par Airbus et une filiale du groupe Volks­wagen. Les progrès de ces engins sont fulgurants grâce à la montée en puissance de la propulsion électrique liée aux drones, capables aujourd’hui de soulever jusqu’à 100 kilos.

Un Combi électrique

Nouvel avatar du célèbre Combi, l’ID Buzz est entièrement électrique grâce à une batterie autorisant 300 ki­lomètres d’autonomie. Il devrait être proposé à la vente en 2022. / Volkswagen

Volkswagen propose aux héritiers des voyageurs hippies des années 1960 un nouvel avatar du célèbre Combi, l’un des véhicules mythiques de la marque allemande, définitivement associé à l’idée de voyage libre, individualiste et décalé.

Dénommé ID Buzz, le véhicule-concept, présenté au Salon automobile de Detroit en janvier, est entièrement électrique grâce à une batterie autorisant 300 kilomètres d’autonomie. Les premiers véhicules, dont le design rappelle indéniablement le Combi originel, devraient être proposés à la vente en 2022. Avec ID Buzz, la version « flower-power » des vacances devient donc également zéro émission, ce qui permet de fournir une offre de mobilité à une clientèle aux préoccupations environnementales.

Une navette autonome

La navette EZ10 propose déjà une ba­lade sans chauffeur aux visiteurs du parc botanique Gardens by the Bay, à Singapour. / Easymile

Créés pour fournir une offre de transport public dit du dernier kilomètre, les minibus électriques sans conducteur, ces nouvelles stars de la mobilité autonome, trouvent aussi leur place dans l’offre touristique, pour laquelle leur vitesse modérée et leurs vitres panoramiques sont bien adaptées.

Exemple avec la navette EZ10 de la start-up Easymile, de conception française (comme sa concurrente et autre leader du secteur, Navya), qui propose une balade sans chauffeur aux visiteurs du parc botanique Gardens by the Bay, à Singapour. Zoos, domaines hôteliers, parcs d’attractions, centres-villes historiques… Les espaces semi-piétons, à vocation touristique ou de loisir, sont autant de marchés pour ces navettes capables en toute autonomie d’identifier les obstacles, de les contourner et de s’arrêter en cas d’urgence.

Une voiture-salle de fitness

Projet encore très embryonnaire d’étudiants américains – déjà primé en octobre 2016 par le concours d’innovation de l’équipementier auto Valeo –, Wellness Unit Drive propose une transformation radicale de l’intérieur du véhicule, puisque la voiture devient une salle de fitness. L’idée est que le véhicule du futur – complètement autonome, dépourvu de volant, de conducteur, de cockpit – va être libéré de la contrainte de la conduite et de l’attention sur la route.

Les équipementiers automobiles sont très attentifs à cette évolution. Valeo, mais aussi le numéro un français des sièges et cockpits, Faurecia, anticipent le fait que la voiture sans conducteur peut devenir un lieu de loisir, de divertissement et peut-être, au bout du compte, le motif même du voyage.

Cet article fait partie d’un dossier réalisé en partenariat avec PPP Agency, organisateur des Entretiens de Vixouze (Forum international du tourisme du futur).