L’information était jugée cruciale avant une intervention du président américain, Donald Trump, devant le Congrès en octobre. Et elle contrevient aux attentes du président américain. L’Iran respecte bien ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire conclu en 2015 à Vienne, selon un rapport d’étape de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), rendu public jeudi 31 août.

Le document atteste une nouvelle fois que la quantité d’uranium faiblement enrichi détenue par l’Iran reste sous le plafond autorisé de 300 kg, et que la République islamique n’a « pas poursuivi » la construction de son réacteur à eau lourde d’Arak. Ce satisfecit, attendu, permet la poursuite de la mise en œuvre de l’accord conclu en juillet 2015 entre l’Iran et les grandes puissances, et destiné à garantir la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien.

Tensions avec Washington

Mais ces conclusions vont à l’encontre de la conviction de Donald Trump qui, selon la presse américaine, avait chargé un groupe de conseillers de lui présenter des éléments accréditant d’éventuelles infractions de l’Iran. Le président américain reproche à Téhéran la poursuite de son programme de mise au point de missiles balistiques ; accusations qui ont partiellement motivé le vote de nouvelles sanctions américaines contre l’Iran en juillet.

Durant sa campagne, M. Trump avait menacé de « déchirer » l’accord, considéré comme un des principaux succès diplomatiques de son prédécesseur Barack Obama. Le président des Etats-Unis doit désormais « certifier » en octobre auprès du Congrès que l’Iran se plie bien à ses engagements. Il avait prévenu à la fin de juillet dans le Wall Street Journal qu’il serait « surpris » que tel soit le cas.

Téhéran, qui a accepté une réduction drastique de ses capacités nucléaires en échange de la levée des sanctions internationales à son encontre, est sous contrôle étroit de l’AIEA. L’agence a, jusqu’ici, confirmé tous les trois mois que l’Iran répondait à ses obligations.

« Pas d’alternative »

Le président iranien, Hassan Rohani, a dit cette semaine que M. Trump était isolé dans sa volonté de contester l’accord, soulignant que les pays européens y restaient attachés. Le président de la République français, Emmanuel Macron, a d’ailleurs déclaré mardi qu’il n’y avait « pas d’alternative » à l’accord de 2015.

M. Rohani a rejeté l’idée que de nouvelles mesures contraignantes puissent être imposées à son pays par les Etats-Unis, alors que, selon des informations de la presse, Washington souhaiterait une inspection des sites militaires iraniens.

« Nos relations avec l’AIEA sont définies par des règles et non pas par les Etats-Unis », a-t-il rappelé, après que l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Nikki Haley, s’est rendue à Vienne la semaine dernière pour y rencontrer le directeur général de l’agence, Yukiya Amano.

L’Iran a prévenu qu’il pourrait reprendre rapidement sa production d’uranium hautement enrichi — étape technique permettant, le cas échéant, de fabriquer de la matière fissile militaire — si les Etats-Unis, déjà confrontés à une crise avec la Corée du Nord, dénonçaient le texte de leur côté.