A la mi-août, la Corée du Sud a retiré de la vente tous les œufs dans lesquels du fipronil avait été détecté. Ici dans un supermarché à Séoul, le 16 août. / Ahn Young-joon / AP

La fraude qui a conduit à la contamination d’œufs par l’insecticide fipronil remonte à septembre 2016, a déclaré jeudi 31 août la Commission européenne. A ce stade, 34 pays, dont la plupart situés en Europe, sont touchés à ce stade.

« Nous disposons désormais d’indications que cet usage illégal du fipronil [pour désinfecter des élevages de poules pondeuses] avait déjà lieu en 2016 », a assuré Sabine Jülicher, directrice de la direction générale Sécurité sanitaire de la Commission européenne devant le Parlement européen.

La désinfection d’élevages de poules pondeuses par un produit contenant du fipronil, un antiparasitaire strictement interdit dans la chaîne alimentaire, a contaminé des dizaines de millions d’œufs. La crise, qui remonte donc à plusieurs mois, n’est apparue au grand jour qu’au début d’août.

Elle touche désormais 22 pays de l’Union européenne (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Suède, France, Royaume-Uni, Autriche, Pologne, Roumanie, Italie, Luxembourg, Irlande, Slovaquie, Slovénie, Danemark, Espagne, Hongrie, Finlande, Bulgarie, République tchèque, Grèce et Estonie), mais aussi la Suisse, la Norvège et le Liechtenstein.

Neuf pays non européens (Hongkong, Liban, Qatar, Arabie saoudite, Liberia, Russie, Afrique du Sud, Angola et Irak) ont également reçu des lots d’œufs contaminés, selon le décompte de la Commission européenne.

Pas de résidu d’un deuxième insecticide

La fraude a surtout été pratiquée aux Pays-Bas et en Belgique, où respectivement 258 et 93 élevages ont été bloqués un temps par les autorités. La Commission européenne fait aussi état de soupçons ayant mené aux blocages de sept élevages en Allemagne, un en France en France, dix en Italie et deux en Hongrie.

En Belgique et aux Pays-Bas, les deux dirigeants du fournisseur Poultry-Vision et de la société de désinfection ChickFriend ont été emprisonnés. Plusieurs autres sociétés sont également dans le collimateur de la justice pour avoir mélangé du fipronil, mais aussi d’autres substances interdites, à un produit contre le pou rouge présenté comme « naturel » et commercialisé sous le nom DEGA 16.

Quand elle a donné l’alerte auprès de ses partenaires européens, le 20 juillet, la Belgique a mentionné le fait que le DEGA 16 contenait également de l’amitraze, selon la Commission. Néanmoins, « aucun résidu d’amitraze n’a été trouvé dans des œufs examinés », a précisé Mme Jülicher, alors que la France a annoncé des tests en expliquant que cet insecticide avait été utilisé dans « un peu moins d’une dizaine d’élevages » de poules pondeuses sur son sol.

L’exécutif européen va lancer « une enquête dans toute l’Europe pour contrôler l’usage de substances illégales sur des poules pondeuses contre le pou rouge », notamment le fipronil et l’amitraze. La crise a montré « qu’il vaut mieux garder un œil ouvert », a souligné Mme Jülicher.