Raquel Garrido, porte-parole LFI et chroniqueuse sur C8, lors de la présentation des ordonnances réformant le code du travail, le 31 août. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

« J’admets que c’est une nouveauté », dit au Monde Raquel Garrido. La porte-parole de La France insoumise (LFI) a posé une question, en sa qualité de nouvelle chroniqueuse de l’émission « Salut les terriens » sur C8, au premier ministre Edouard Philippe lors de la présentation des ordonnances sur la réforme du travail, jeudi 31 août. Vivement accusée de mélanger les genres, elle assume vouloir « bouger des lignes ».

Dès son intervention, les critiques ont plu : « Néo-chroniqueuse d’Ardisson, l’avocate Raquel Garrido, porte-parole de [Jean-Luc] Mélenchon, s’en va jouer la journaliste à Matignon. Quel méli-mélo ! », a taclé sur Twitter le vétéran de la presse politique Dominique de Montvalon, résumant le sentiment de journalistes du Figaro, Buzzfeed, BFM-TV ou Le Lab, cités par Le Huffington Post.

« Il n’y a pas tromperie »

« Ma question n’était pas une surprise pour les organisateurs de la conférence de presse, se justifie Raquel Garrido. J’avais demandé une accréditation de façon nominative, pour moi et mon cameraman. » La néo-chroniqueuse sur C8 a interrogé le premier ministre sur l’identité du « petit groupe » de personnes ayant rédigé les ordonnances réformant le code du travail. Un sujet qu’elle compte évoquer dans sa chronique dominicale : une séquence de six minutes qui ne se veut pas un « édito politique » mais une intervention nourrie de sujets tournés « sur le terrain », de « reportages incarnés », dans des conférences de presse ou sur des lieux de tension sociale.

Raquel Garrido ne joue-t-elle pas pour autant sur deux tableaux à la fois, le politique et le médiatique ? Contrairement à Roselyne Bachelot, sur LCI, par exemple, elle a toujours des fonctions politiques : elle est un cadre bénévole de premier plan du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, outre son activité d’avocate – elle défend notamment l’ancien candidat de La France insoumise dans le domaine du droit de la presse. Et elle assure désormais en parallèle ses chroniques rémunérées par le groupe de Vincent Bolloré, dont elle ne souhaite pas révéler le montant.

« Le spectateur sait d’où je parle, estime Mme Garrido. Il y gagne, par rapport aux journalistes qui sont marqués politiquement mais qui ne dévoilent pas leur inclination, comme Bruno Roger-Petit [l’éditorialiste du magazine Challenges qu’Emmanuel Macron vient de nommer porte-parole de l’Elysée]. »  Elle ajoute : « Le spectateur sera peut-être en désaccord avec moi par principe, en raison de mon engagement, mais il n’y a pas tromperie. »

« Je ne deviens pas journaliste »

Une réserve toutefois : lors de la conférence de presse d’Edouard Philippe, Raquel Garrido a mentionné son émission sur C8 sans évoquer ses fonctions politiques. Mais elle « part du principe qu’elle est connue » comme militante.

« C’est comme pour mon métier d’avocate : je suis connue comme avocate insoumise. C’est en tant que moi-même que je fais ma chronique. Je ne deviens pas journaliste. »

La porte-parole de La France insoumise assume en tout cas d’occuper l’espace médiatique à des fins militantes : « Nous représentons 20 % des électeurs, c’est normal que nous ayons des représentants à la télévision », soutient Raquel Garrido.