Serge Aurier, transféré du PSG à Tottenham. / FRANCK FIFE / AFP

Jeudi 31 août, à minuit sonnante, et tant pis pour les éventuels fax en retard, le marché estival des transferts dit « mercato » s’est achevé après plus de quatre-vingt-trois jours de rumeurs, de signatures insignifiantes ou tonitruantes, de déclarations à l’emporte-pièce et de sommes folles dépensées, voire parfois faramineuses.

Chaque semaine, Le Monde vous a fait vivre à sa manière cette période. Ce fut long, ce fut décoiffant, parfois amusant et souvent agaçant. Voilà le onzième et dernier épisode de la gazette du mercato.

C’est signé

  • Konstantinos Mitroglou sera le renfort offensif de dernière minute tant désiré par l’OM. Après la rouste reçue à Monaco, le Grec devrait faire équipe avec Valère Germain à la tête de l’attaque marseillaise.
  • Le copier-coller fonctionne presque entièrement. Aymen Abdennour sera le renfort défensif de dernière minute tant désiré par l’OM. Après la rouste reçue à Monaco (6-1), le Tunisien devrait faire équipe avec Adil Rami dans l’axe de la défense marseillaise.
  • Le fric, c’est Schick. Le jeune attaquant tchèque, qui s’était vu recaler par la Juventus à la visite médicale, a finalement quitté la Sampdoria pour 38 millions d’euros. Il est désormais un joueur de la Roma.
  • Liverpool réalise une fin de mercato gargantuesque. Alex Oxlade-Chamberlain arrive d’Arsenal pour 43 millions d’euros et le milieu de terrain Naby Keita a été recruté au RB Leipzig pour 70 millions d’euros. Ce dernier n’arrivera chez les Reds que le 1er juillet 2018.
  • Et de sept. Et de huit. Lyon a trouvé une septième recrue en Liga : le jeune milieu de terrain Pape Cheikh Diop pour 10 millions d’euros. La huitième recrue vient d’Amiens pour 11 millions d’euros, Tanguy Ndombele.
  • Serge Aurier, dont le passage parisien aura été mouvementé, est bien un Spurs. Le latéral droit, poussé dehors par ses frasques et l’arrivée de Dani Alves, a été acheté par Tottenham pour 25 millions d’euros.
  • L’opération dégraissage se poursuit au PSG. Grzegorz Krychowiak, milieu de terrain polonais, a été prêté en Premier League à WBA. L’occasion de se mettre en évidence et d’attirer les acheteurs, dont les Parisiens ont bien besoin pour compenser leurs achats pharaoniques.
  • Les prêts se sont multipliés, comme les retours sans fanfare d’anciens joueurs de Ligue 1 en France. Giannelli Imbula, perdu depuis son transfert de l’OM à Porto, a été prêté par Stoke City à Toulouse.
  • La Juventus n’a plus Bonnuci, mais elle a désormais un autre champion du monde. Il est allemand, il a 29 ans et s’appelle Benedikt Höwedes. Il arrive en prêt payant de 3,5 millions d’euros, avec une option d’achat de 9 millions d’euros.
  • Dernier transfert poids lourd, pardonnez ce mauvais jeu de mot, celui de Teddy Riner au PSG. Le judoka français abandonne Levallois et la famille Balkany pour relancer la section judo du club omnisports de la capitale. Il a signé cinq ans.


C’est notre top 10 des transferts

L’AFP vous propose ci-dessus le top 10 des transferts les plus onéreux de ce mercato estival 2017. Nous vous proposons notre sélection basée sur l’argent, incontournable, mais aussi sur la subjectivité ou l’intérêt sportif.

1. Leonardo Bonucci. Quel défenseur… Si l’AC Milan a réalisé un gigantesque mercato avec plus d’une dizaine d’arrivées, le transfert pour 40 millions d’euros du Turinois est le chef-d’œuvre de la nouvelle direction lombarde. Et en Italie, à 30 ans, on signe cinq ans, car on connaît la longévité des défenseurs de ce calibre.

2. Keita Baldé. Plus que pour le joueur en lui-même, c’est surtout le savoir-faire monégasque qui est mis en avant. Le club de la Principauté semble toujours avoir un coup d’avance. Ils vendent leur talent à tour de bras et récupèrent des joueurs très prometteurs comme l’international sénégalais de 22 ans arraché à la Lazio Rome pour 30 millions d’euros.

3. Corentin Tolisso n’est plus lyonnais et il fait le bonheur du Bayern Munich pour 41,5 millions d’euros et 6 de bonus éventuels. A l’image de Samuel Umtiti, dont on a attendu qu’il soit au Barça pour reconnaître son niveau, le milieu de terrain est en train de faire taire les sceptiques.

4. Valère Germain, le joueur sous-côté par excellence, qui est l’excellente pioche d’un mercato marseillais compliqué pour 8 millions d’euros et 2 en bonus. Le fils de Bruno rêvait de porter un jour le même maillot que son père, il le fait avec talent, pour l’instant, avec cinq buts en huit matchs.

5. Bertrand Traoré. Il n’a coûté « que » dix millions d’euros, mais l’attaquant burkinabé, prêté par Chelsea à l’Ajax l’an passé, a déjà conquis les supporteurs lyonnais et les observateurs de la Ligue 1.

6. Mohamed Salah a rejoint Liverpool pour 42 millions d’euros en provenance de l’AS Rome. L’Egyptien est un formidable joueur, fin, rapide et technique. En six matchs avec son nouveau club, il a déjà marqué quatre fois.

7. Laurent Depoitre (6 millions d’euros), Tom Ince (13 millions d’euros), Aaron Mooy (9 millions d’euros) ou encore Steve Mounié (13 millions d’euros), plus que l’intérêt sportif, c’est la somme dépensée de plus de 40 millions d’euros par le promu Huddersfield qui n’avait plus connu la Premier League depuis 1972… Merci les droits télé.

8. Anthony Modeste, à 29 ans, l’ex-buteur de Cologne est présent dans cette sélection pour deux raisons : premièrement, il fallait un joueur transféré en Chine, un marché en pleine expansion qui n’attire plus seulement les presque retraités du football. Deuxièmement, il fait partie de cette mode des prêts payants (6 millions d’euros pour deux ans) assorti d’une option obligatoire d’achat (29 millions d’euros).

9. Neymar. On reconnaît que c’est par pur esprit de contradiction que nous plaçons le Brésilien à une telle position dans ce classement. Bien entendu, c’est le transfert de l’année et peut-être de la décennie, voire du siècle, pour les amoureux de l’emphase.

10. Kylian Mbappé, puisque Neymar est juste au-dessus, quoi de plus naturel que de placer le deuxième transfert le plus important de l’histoire en numéro 10. Le jeune Monégasque a été « prêté » au PSG avec une option d’achat de… 180 millions d’euros. Une paille.

C’est dit

Le « kangourougate » a animé pauvrement cette dernière semaine du mercato. En croisade contre le PSG qu’il accuse de ne pas respecter le fair-play financier, le président de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, a retweeté un post où l’on voit un marsupial australien se masturber accompagné de la mention laconique « Nasser et le fair-play financier ».

« J’étais écroulé de rire ! Après, je me suis rendu compte que j’avais retweeté au lieu de simplement mettre J’aime. Maintenant, ceux qui ne comprennent pas l’humour de ce tweet, qui est formidable, parce que c’est ce qui se passe dans la vraie vie… Bon, si ça a choqué, je m’en excuse auprès des âmes qui ne sont pas choquées par les insultes que je reçois à longueur de journée. Je suis tourné vers la jeunesse et je trouve ça marrant. Je ne regrette pas. »

Le président guingampais Bertrand Desplat, pas réputé pour être un grand ami d’Aulas, était sûrement visé par ses « excuses » offensives.

« Je ne vois là-dedans que la position d’un dirigeant qui se sent dépassé par un nouveau modèle économique et qui la joue mauvais perdant. (…) Peut-être que ça amène chez Jean-Michel une forme d’aigreur. Stigmatiser en tombant dans la vulgarité, ça devient indigne. Ça nous ferait oublier l’immense dirigeant qu’il est. J’ai l’impression qu’il est un roi de l’ancien monde qui a envie que rien ne change. (…) »

C’est vu

La mode est aux présentations insolites de joueurs lors de leur signature. Parfois, c’est drôle et bien trouvé comme West Ham avec John Terry ou surtout comme Southampton qui a pris le contre-pied de tout le monde avec beaucoup d’autodérision en annonçant la prolongation du contrat de son troisième gardien, l’obscur Stuart Taylor.

Et parfois, c’est franchement manqué et d’un « humour » bien caricatural. On vous laisse juge de cette initiative du Red Star qui annonce la signature du défenseur serbe Milos Zukanovic.

C’est une bonne question

C’est qui

Certains footballeurs ont, plus que d’autres, abusé du marché des transferts, atteints de bougeotte, victimes de leur agent – qui prenait une commission à chaque changement de club – ou incapables de s’imposer dans aucun de leurs clubs. Mais pour cette dernière, nous avons décidé de récompenser la fidélité, les joueurs qui n’ont connu qu’un ou deux clubs.

Comment s’appelle celui-ci, fort talentueux et ancien international espagnol ? Vous pouvez donner votre réponse dans les commentaires.

La réponse à celui de la dernière édition était, comme un seul d’entre vous l’a deviné, Erwin « Platini » Sanchez. Il n’y a toujours aucune récompense, pas même une bière, pour les plus perspicaces d’entre vous, juste l’amour du jeu.