Emilie Andéol est en lice pour un titre mondial samedi à Budapest. / JACK GUEZ / AFP

À Rio, le judo féminin français attendait Audrey Tcheuméo et Clarisse Agbegnenou. Ce fut Emilie Andéol, grand sourire et simplicité rafraîchissante, qui surprit son monde pour remporter un titre olympique inespéré. Un an plus tard, la judoka de 29 ans se présente, samedi 2 septembre, sur le tatami des Mondiaux de Budapest sans aucun repère, après une saison rythmée par les ennuis de santé et les mauvais résultats.

Passée de l’anonymat aux sollicitations médiatiques par la grâce de son titre olympique, la licenciée de Champigny (Val-de-Marne) a dû faire face à de nombreux changements. Son entraîneur, Christophe Massina, a été remplacé par Séverine Vandenhende : « Elle n’a peut-être pas la forme olympique mais ses genoux vont beaucoup mieux, dit la championne olympique de Sydney, en 2000. La douleur sera toujours présente mais elle est loin du niveau insupportable qui l’avait handicapée lors des championnats d’Europe [élimination au premier tour à Varsovie en avril]. »

La jeune génération en embuscade

Au micro de France Bleu Gironde, la Girondine Emilie Andéol n’a pas esquivé la question de sa préparation délicate mais se montre comme à son habitude combative et optimiste. « Ma saison a été hachée, c’est celle où j’ai fait le moins de judo. Ça va mieux même si ce n’est pas l’extase. Déjà, je n’arriverai pas sur le tapis en boitant... J’ai hâte de combattre et de dire que je suis là. Aujourd’hui, je relativise. Je connais mes capacités et je sais que je suis bien quand je suis à 200 % dans ma tête. Là, je suis bien. »

Les deux femmes, qui avaient déjà travaillé ensemble au début de la carrière sénior d’Andéol, ont longuement discuté avant d’entamer leur collaboration. « Il n’est pas évident de se remettre en question après un titre olympique, dit Vandenhende. Il faut digérer le changement de statut. Par-dessus, l’encadrement a été modifié. Cela fait beaucoup d’un coup. »

Emilie Andéol est sous pression de la jeune génération : Romane Dicko, sacrée championne de France des + 78 kg en novembre dernier à 17 ans, alors qu’elle n’était pas encore ceinture noire. Mais la championne olympique a malgré tout été retenue pour Budapest : « Elle savait qu’il n’y aurait pas de passe-droit en raison de son titre. Elle a accepté de souffrir pour préparer dans les meilleures conditions ces Mondiaux », souligne Séverine Vandenhende.

Samedi matin, avant d’entrer sur le tapis pour combattre la Kényane Alice Muragu au premier tour, Emilie Andéol versera certainement, comme à son habitude, quelques larmes. C’est sa manière, bien particulière, de gérer le stress à laquelle la consécration olympique n’a rien changé. « Il y a dix ans, la première fois que je l’avais coachée en compétition, je l’ai vue pleurer. Je pensais qu’un truc s’était passé. Elle m’a dit : “Non, c’est ma façon d’évacuer.” C’est Emilie. Mais attention, une fois dans l’arène, c’est une guerrière », raconte Séverine Vandenhende.

Le titre mondial, celui qui manque à son palmarès, sera au bout de la souffrance. Cette dure au mal en connaît le prix.