Samedi 2 septembre, à La Baule, plusieurs ténors Républicains, dont Valérie Pécresse, ont débattu samedi de l’avenir de LR. / LOIC VENANCE / AFP

A La Baule (Loire-Atlantique), le temps des espoirs s’est évanoui pour les Républicains (LR). Le campus de rentrée du parti « de la droite et du centre » - une définition que ses dirigeants aiment rappeler pour ne pas restreindre leur espace politique -, qui s’est tenu, samedi 2 septembre, n’avait rien de commun avec celui de l’année passée. Finis les centaines de journalistes, et les militants encore plus nombreux, qui venaient écouter en 2016 les candidats à la primaire, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ou François Fillon, à la veille de cette élection qui devait nécessairement désigner le successeur de François Hollande.

2017, c’est « l’an 1 de la reconstruction », comme dit le député de l’Yonne Guillaume Larrivé, et il faut reconnaître que cela attire franchement moins de monde : tout juste 400 militants, et une vingtaine de journalistes, qui sont venus constater les dégâts provoqués par l’« échec historique » - l’expression est de Guillaume Larrivé, encore lui – subi par la droite à la présidentielle et aux législatives.

Dissension autour du candidat Wauquiez

Samedi, les dirigeants de LR se sont succédé à la tribune et devant les micros pour mettre en garde contre les divisions qui traversent leur parti et plaider en faveur du « rassemblement » de la « famille ». Car la chose ne va pas de soi, alors que certains membres de l’aile modérée menacent de mettre les voiles en cas d’élection à la présidence de Laurent Wauquiez, considéré comme trop droitier, lors du scrutin interne des 10 et 17 décembre. Ou que d’autres plaident pour circonscrire l’influence de Sens commun, le courant qui a émané de la Manif pour tous, et est perçu comme un ferment de radicalisation.

C’est à un risque d’« éclatement » que se retrouve même confronté le parti, à en croire Valérie Pécresse, qui a livré cette sombre prédiction dans une interview au Parisien. La présidente de la région Ile-de-France a renoncé à se présenter contre M. Wauquiez, et préféré lancer son propre courant, Libres.

« Certains ont peut-être mal pris mes propos de ce matin, mais c’est vrai qu’après des défaites il y a des risques de divisions, a-t-elle appuyé lors de son discours prononcé à La Baule. Et pour ne pas créer de divisions, il faut qu’on se sente bien dans la famille. (…) Il faut, non pas se recroqueviller sur le noyau dur de nos militants, mais essayer de repartir à la reconquête de tous les Français. » L’adresse à Laurent Wauquiez est claire, alors que les soutiens de ce dernier estiment que la victoire passe d’abord par le rassemblement de ce noyau dur.

Mme Pécresse a eu raison, par ailleurs, de penser que certains de ses camarades ont « peut-être mal pris » ses déclarations. C’est le cas notamment de certains sarkozystes, ou ex-sarkozystes, qui se sont rangés pour beaucoup d’entre eux derrière M. Wauquiez. « Qu’elle se présente !, argue Franck Louvrier, conseiller régional des Pays de la Loire et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Ou on rentre dans le combat, ou on est spectateur. »

« Quand j’entends les procès en sorcellerie faits par les uns et les autres, ça ne nous aidera pas à reconstruire notre famille, s’est quant à lui agacé l’ancien député du Rhône Georges Fenech, depuis la banlieue de Lyon, où se réunissaient les supporters de M. Wauquiez. Alors Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Christian Estrosi et les autres, je leur demande d’arrêter de tirer sur Laurent Wauquiez. Car en tirant sur Laurent Wauquiez, on tire sur vous [les militants]. »

Les ralliements de Macron critiqués

Avec le calme des vieilles troupes, Bruno Retailleau, puissance invitante du campus de La Baule, souligne pour sa part : « Une élection pousse chacun à chercher la différence ». Manière de dire que les débats s’apaiseront par la suite. Le président de la région Pays de la Loire n’a pas encore fait savoir s’il comptait se lancer lui-même dans la course à la tête du parti, mais il constate « qu’il y a beaucoup de candidats ». « Le problème, ce n’est pas la victoire, c’est le lendemain de la victoire, c’est la capacité à rassembler. Je veux contribuer à l’unité de ma famille politique. Notre corps électoral a plus de points communs qu’on imagine », assure-t-il, plaidant contre les « excommunications », en particulier celle de Sens commun.

Toujours est-il que les uns et les autres, libéraux, gaullistes, conservateurs, ne sont pas forcément au clair sur ce qui fonde ces points communs. Et les débats stratégiques, comme de fond, promettent d’être mouvementés. « Une partie de notre électorat nous a abandonné car nous n’étions pas lisibles, nos électeurs ont porté une oreille complaisante au Front national. Pour autant, il n’y aura jamais le moindre accord entre LR et le FN, il faut arrêter de caricaturer les personnalités qui plaident pour récupérer ces électeurs partis vers le FN », avance un poids lourd du parti. Pas certain que la « famille » se réunisse sur ce genre de constat.

Il est au moins un sujet sur lequel tout le monde s’est retrouvé, samedi : la condamnation des membres de LR qui ont rejoint Emmanuel Macron ou soutiennent l’action du gouvernement. Des « politiciens aussi peu vertébrés que des mollusques, qui se sont empressés d’aller mendier un petit bol de soupe auprès du pouvoir élyséen », a tancé Guillaume Larrivé, qui soutient M. Wauquiez. « Je dis à ceux qui nous ont combattu, Philippe, Darmanin, Solère, c’est dehors, et pour toujours », a lancé quant à lui Daniel Fasquelle, candidat à la présidence du parti. Parfois, rassembler suppose d’abord de trancher dans le vif.