Sur le portail Internet de la mairie de Montembœuf (Charente), 674 habitants, l’information est résumée en une phrase : « La rentrée scolaire du 4 septembre 2017 risque d’être perturbée. » Au standard, on explique avoir tout tenté pour que le retour en classe puisse se faire normalement, y compris en lançant une demande de dérogation – en urgence – pour revenir à la semaine d’école de quatre jours, et faire ainsi l’économie des temps d’activités périscolaires pénalisés par la remise en cause des contrats aidés. En vain : dans ce secteur rural charentais, cinq écoles pourraient rester fermées ce lundi, même si une garderie est assurée.

A Valorbiquet (Calvados), commune de 2 500 habitants propulsée sur le devant de la scène après avoir annoncé le report d’une semaine de la rentrée, une « solution provisoire » a finalement été trouvée : « On est en train d’appeler les familles pour les avertir qu’il y aura bien école lundi », dit l’édile, Christelle Bacq-de-Paepe, sans donner plus de détails sur le devenir des cinq contrats aidés dont elle a besoin pour faire tourner ses trois écoles. Car c’est tout le paysage scolaire qui est touché par la baisse des contrats aidés – 110 000 sont prévus pour le second semestre 2017, soit 40 % de moins que sur les six premiers mois de l’année –, des emplois pourtant nécessaires pour encadrer le périscolaire, la cantine, les transports, l’entretien des locaux…

Vendredi 1er septembre, les principales associations d’élus ont été longuement reçues par les ministres de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, et de la cohésion des territoires, Jacques Mézard. Des « éléments de souplesse » ont été introduits par le gouvernement, a expliqué François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), à l’issue de la réunion. « Nous n’avons pas de chiffre, nous avons juste des engagements, c’est de la technique budgétaire mais ça devrait permettre de régler les tensions, qui sont nombreuses depuis huit jours. »

« Solution transitoire »

Après avoir passé la semaine à tenter d’obtenir des garanties auprès des directions d’académies, des préfectures, c’est aux édiles de trancher s’ils ouvrent l’école au risque de vrais dysfonctionnements, ou s’ils en gardent les portes closes, au grand dam de leurs administrés. A La Réunion, la rentrée, prévue le 18 août, avait été reportée de cinq jours. L’idée a, ces derniers jours, été agitée dans le Gard, en Guyane, en Martinique…

Mais « la rentrée ne peut pas fonctionner sous la menace », tempête Agnès Le Brun, maire LR de Morlaix (Finistère) et vice-présidente de l’AMF. Cette association faisait état, vendredi encore, de « certains départements avec 10 à 15 communes toujours dans l’incertitude ». Du côté de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), on estime que la rentrée dans les petites communes et les villages ne devrait pas être remise en cause, mais qu’elle s’annonce « extrêmement compliquée », explique son président, Vanik Berberian, maire (divers centre) de Gargilesse-Dampierre (Indre).

A Angoulême (Charente), jusqu’à mercredi, le retour en classe a semblé compromis. « Après une réunion d’urgence avec tous les partenaires, une solution transitoire a été trouvée », raconte le maire Xavier Bonnefont. La rentrée aura lieu dans la trentaine d’écoles de la ville, mais sans offre périscolaire en maternelle. En élémentaire, les activités sont préservées jusqu’à la Toussaint. « Après, on verra », glisse l’édile.

Il n’est pas le seul, selon les associations d’élus, à songer à sortir de la crise des contrats aidés en souhaitant remettre en cause, plus vite que prévu, la semaine d’école de quatre jours et demi à laquelle le gouvernement d’Edouard Philippe a permis de déroger. Reste à voir si ce changement de rythme est possible en cours d’année.