Documentaire sur Arte à 17 h 20

Pavarotti - Nessun Dorma 1994 (High Quality With Lyrics)
Durée : 03:20

Voici dix ans, Luciano Pavarotti (1935-2007), le ténor le plus populaire de son temps, disparaissait. A l’occasion de cet anniversaire, Arte propose un documentaire qui a pour qualité d’être ni à charge, ni hagiographique et qui, de manière honnête et informée – grâce à de nombreux témoignages –, trace le portrait aigre-doux mais juste de cette voix et de ce tour de taille légendaires.

Car le ténor de Modène, svelte et sportif en sa jeunesse, avait un faible très appuyé pour la nourriture. Son ex-épouse – Pavarotti la quittera pour se marier en 2003 à sa secrétaire, de 34 ans sa cadette – dit d’ailleurs : « Si la musique avait une place importante dans sa vie, celle de la nourriture l’était plus encore… »

Le chanteur Sting raconte que, recevant chez lui Pavarotti alors qu’il était au régime, il l’a vu dévorer deux poulets entiers. Lorsqu’il partait en tournée, on transportait pour le ténor des victuailles et de quoi installer une cuisine complète à l’hôtel… Son ancien agent, Herbert Breslin, raconte cela de manière vacharde mais amusante dans le livre Le Roi et moi (City Editions, 2005), coécrit avec la journaliste Anne Midgette.

Che gelida manina - Luciano Pavarotti & Mirella Freni
Durée : 04:40

Mais, derrière le folklore pavarottien se tenait l’essentiel : une voix en or, longue et égale de timbre dont le chef Carlos Kleiber a dit : « Quand Luciano Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde. »

Cependant, son répertoire était mince et son jeu d’acteur inexistant. Son collègue Placido Domingo, six ans plus jeune et toujours en activité, reconnaît, sans méchanceté, ce que tout le monde a toujours dit : « Il interprétait ses rôles comme s’il ne prenait pas ses personnages au sérieux… Il se comportait un peu comme si c’était lui, Luciano qui était en scène… »

Mais le ténor espagnol ajoute : « S’il n’avait pas été là, ma carrière n’aurait pas été la même. » Non pas pour dire que Pavarotti lui aurait laissé plus de place mais pour rappeler que cette émulation que créait leur concurrence dans les mêmes rôles les faisait toujours aller plus loin et plus haut.

Si Domingo est « un musicien accompli », rappelle le documentaire, Pavarotti ne lisait qu’approximativement la musique (il indiquait sur la partition une flèche ascendante ou descendante, selon que la mélodie montait ou descendait !) et apprenait ses rôles en écoutant des disques.

The 3 Tenors O Sole Mio 1994
Durée : 03:35

Domingo a toujours flirté avec la musique populaire. Mais Pavarotti, après l’expérience très rémunératrice des « Trois Ténors », lancée en 1990 avec son collègue et José Carreras, est allé très loin dans le dévoiement de son répertoire, faisant des duos douteux, voire effroyables, avec des chanteurs et musiciens pop, devant des assistances énormes et en plein air.

C’est alors que son manager et agent de trente-six années, après avoir bien profité des retombées de la manne des « Trois Ténors » et d’un Pavarotti dont il avait pourtant un jour dit « un ténor, ça se vend exactement comme une savonnette », a lâché l’animal de cirque qu’était devenu le chanteur.

Marionnette aux cheveux, sourcils et barbe teints à la suie de bouchon, on voit Pavarotti apparaître pour la dernière fois en public, sorte de gargantuesque Dracula en cape noire, quelques mois avant de mourir. A bout de voix, dans un stade de football, il avait décidé, auto-humiliation suprême et inutile, de chanter en playback.

Luciano Pavarotti, chanteur populaire, documentaire de Romain Pieri et René-Jean Bouyer (France, 2017, 52 min).