Une commission de l’Organisation des nations unies (ONU) a appelé la Cour pénale internationale, lundi 4 septembre, à enquêter de toute urgence sur le Burundi, évoquant de possibles crimes contre l’humanité et atrocités commises dans ce pays en crise depuis deux ans.

Dans un rapport publié lundi, la commission d’enquête indépendante de l’ONU assure avoir « documenté des violations souvent d’une cruauté extrême, en particulier des exécutions extrajudiciaires, des arrestations et détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, et des violences sexuelles ».

Des centaines de morts

Les enquêteurs font notamment état d’une « persistance de la pratique de la torture et des mauvais traitements », en ciblant comme principaux responsables des groupes liés au gouvernement et à l’Etat burundais. « Des atteintes aux droits de l’homme ont également été commises par des groupes armés d’opposition, mais celles-ci se sont avérées difficiles à documenter », poursuivent les enquêteurs.

« La Commission a des motifs raisonnables de croire que les crimes contre l’humanité recensés sont imputables notamment à des responsables au plus haut niveau de l’Etat, des officiers supérieurs et agents du service national de renseignement, de la police et de l’armée, et des Imbonerakure [milice progouvernementale, selon l’ONU]. »

Les victimes des violences, poursuit le rapport, sont majoritairement des opposants au président Pierre Nkurunziza, dont l’annonce, le 25 avril 2015, de la candidature à un troisième mandat a provoqué une grave crise dans tout le pays. Des manifestations avaient alors été violemment réprimées et un coup d’Etat manqué, en mai 2015, a fait basculer le pouvoir dans une répression systématique. En décembre 2016, il a également suggéré qu’il pourrait briguer un quatrième mandat, ce qui nécessiterait une réforme de la Constitution.

Les violences ont déjà fait de 500 à 2 000 morts (selon des sources ONU et ONG) et ont poussé à l’exil plus de 425 000 Burundais.

Une enquête difficile

La commission d’enquête a été créée en septembre 2016 pour une durée d’un mois. Les enquêteurs ont travaillé à partir des pays voisins du Burundi, s’étant vu refuser l’accès au territoire. En Ouganda, au Rwanda ou encore en République démocratique du Congo, ils ont rencontré des réfugiés burundais, et conduit plus de 500 entretiens. Le rapport de l’ONU dénonce par ailleurs le gouvernement burundais, qui a « refusé tout dialogue et toute coopération avec la Commission, malgré plusieurs initiatives de cette dernière ».

Le Burundi ayant notifié sa décision de se retirer de la CPI le 27 octobre 2016 et ce retrait étant effectif un an après, la CPI a jusqu’au 27 octobre pour ouvrir une enquête de son propre chef. Passé cette date, seul le Conseil de sécurité de l’ONU pourra faire appel à l’institution internationale.

Le Burundi, 50 ans de massacres
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