La politique du logement du Royaume-Uni est éclairante pour la France. A son arrivée au pouvoir, en 2010, le conservateur David Cameron souhaitait, lui aussi, réduire les aides au logement. Le montant des aides par foyer était plafonné à 480 euros par semaine, soit 2 000 euros par mois, et n’en bénéficiaient plus que les locataires dont le loyer restait dans les 30 % les moins élevés de leur zone.

Une autre mesure créait une aide universelle fusionnant allocation-chômage, allocation-handicapé, aide fiscale, aide au retour à l’emploi et aide au logement, dans le but de simplifier un système complexe et de diminuer les dépenses sociales. Il en résulta une augmentation des impayés que les collectivités locales ont en partie compensée par des subventions, ce qui a contribué à accroître les inégalités territoriales.

Hausse des dépenses

« L’ensemble de ces mesures n’a pas fait baisser la dépense totale, qui s’est même accrue de 2,5 milliards d’euros, entre 2010 et 2013, pour atteindre 30 milliards », souligne William Le Goff, statisticien et économiste – pour mémoire, la France ne dépense, à ce titre, « que » 18 milliards d’euros. Cette hausse des dépenses est due, en partie, à la crise de 2008 qui a appauvri et mis au chômage nombre de Britanniques, accroissant le nombre d’allocataires d’aides au logement, d’aujourd’hui 4,7 millions de ménages. Entre 2005 et 2015, le parc social a reçu moins d’aides, sa part diminuant de 75 % à 66 % des budgets, quand les locataires du privé, dont le nombre passait de 1 à 1,5 million, s’en octroyaient de 25 % à 34 %. La dérive des finances publiques est imputable à cette hausse du nombre d’allocataires et à celle des loyers du privé, qui ne sont pas régulés et poursuivent leur irrésistible hausse.

« Sans régulation des loyers, le parc privé est de plus en plus cher et le parc social étouffe sous les demandes en étant, de plus, asphyxié par la contrainte nouvelle [instaurée en 2015] de baisser ses loyers de 1 % par an », analyse M. Le Goff.