Christopher Froome, le 7 septembre. | JOSE JORDAN / AFP

39 ans que l’on attendait ça. 39 ans qu’un coureur n’avait pas réalisé l’improbable doublé Tour de France-Tour d’Espagne. Le Britannique Christopher Froome l’a fait. Maillot rouge depuis la 3e étape, il a remporté, dimanche 10 septembre, sa première Vuelta après avoir échoué trois fois à la deuxième place (2011, 2014, 2016).

Avec ce triomphe, le quadruple vainqueur du Tour de France entre dans la légende du cyclisme en devenant le troisième coureur à gagner la même saison le Tour et la Vuelta après les Français Jacques Anquetil (1963) et Bernard Hinault (1978). « Froomey » est le premier à y parvenir dans cet ordre-là, sachant que la Vuelta se disputait au printemps jusqu’en 1995.

C’est une belle consécration pour le longiligne leader de l’équipe Sky, qui a toujours nourri une tendresse particulière pour l’épreuve espagnole où il s’était révélé en 2011. Et c’est une manière pour lui d’épaissir un peu son palmarès en rejetant l’idée qu’il n’est qu’un coureur programmé pour briller en juillet.

« L’exploit du doublé, c’est juste du bonus »

« Tout s’est merveilleusement bien passé, souriait-il en descendant samedi soir de l’Angliru. J’ai gardé le maillot rouge depuis le troisième jour et je gagne deux étapes. J’ai toujours su qu’un jour je pourrais arriver à remporter la Vuelta. L’exploit du doublé, c’est juste du bonus. », s’est réjouit le natif de Naïrobi, au Kénya.

« Le Tour et la Vuelta sont deux événements différents. Le Tour est la plus grande des récompenses pour un cycliste professionnel, c’est le plus grand événement du calendrier et la Vuelta représente un autre style de course. C’est davantage un défi physique que le Tour au vu du nombre d’arrivées au sommet, des tactiques agressives, des conditions de course avec des journées à plus de 40°C, d’autres sous la pluie et 10°C, des jours de fort vent… C’est vraiment rude. »

Dès l’hiver, Christopher Froome a fait de ce doublé le moteur de sa saison et a adapté son calendrier en conséquence. « Ces dernières années, on faisait passer la Vuelta au second plan. Cette année, nous y avons beaucoup réfléchi. Nous y allons en mission, je veux être en condition de la gagner », disait-il au départ.

Objectif Tour d’Italie ?

« Avec Chris, nous n’avons jamais réussi à gérer correctement cette période entre le Tour et la Vuelta », analysait son entraîneur, Tim Kerrison, en février, annonçant déjà une période de récupération impérative, avant de disputer une poignée de critériums et de passer quelques jours en altitude.

Le doublé passait aussi par la sélection d’une équipe de haut niveau, là où toutes les formations du World Tour, y compris la Sky, se contentaient d’aligner sur le Tour d’Espagne des coureurs dont les états de forme et la motivation n’étaient pas toujours optimaux. « Je ne crois pas que nous ayons déjà été sur la Vuelta avec une équipe aussi forte et concentrée », soulignait Christopher Froome au départ, un an après avoir perdu la course sur un manque de vigilance de sa formation.

Devenu en 2013 le premier « Africain » à remporter le Tour de France, le Britannique en a désormais trois autres à son palmarès (2015, 2016 et 2017), à une longueur du record de cinq victoires. Et Froome peut continuer à écrire sa légende en rejoignant le cercle très fermé des six coureurs vainqueurs des trois Grands Tours. Après le maillot jaune et le maillot rouge, il lui manque une touche de rose, celui du Tour d’Italie.