A Saint-Martin, après le passage de l’ouragan Irma, le 8 septembre. / Gerben Van Es / AP

L’Etat français assure avoir « été à la hauteur » dans sa gestion du passage de l’ouragan Irma dans les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. C’est en tout cas ce qu’a rétorqué, dimanche 10 septembre, la ministre des outre-mer, Annick Girardin, face aux critiques qui se multiplient sur place et en métropole.

« Jamais je ne laisserai dire que les services de l’Etat, que les services de la collectivité territoriale n’auraient pas été à la hauteur. (...) Chacun ici a fait tout ce qu’il avait à faire », a martelé Mme Girardin lors d’une conférence de presse à Saint-Martin, au moment où la gestion de crise du gouvernement est la cible de critiques de tous bords politiques, des Républicains (LR), au Front national (FN) en passant par La France insoumise (LFI).

Après une réunion de crise samedi soir, à l’issue de laquelle le premier ministre Edouard Philippe a garanti « la mobilisation totale » de l’Etat et annoncé des renforts supplémentaires, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, et Emmanuel Macron se sont encore réunis dimanche soir. Au cours de cette réunion, le chef de l’Etat a annoncé qu’il s’envolerait lundi soir pour l’île de Saint-Martin et y resterait mardi « pour pouvoir s’entretenir avec les habitants (...) et les élus de l’île »

Critiques de l’opposition

Un début de polémique politique est né samedi, à Paris, après que la présidente du FN, Marine Le Pen, eut dénoncé des moyens « tout à fait insuffisants », et des insulaires « obligés d’organiser leur propre défense ».

Les critiques de l’opposition sur la gestion de l’Etat en amont du passage d’Irma se sont amplifiées, dimanche, notamment par Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Eric Ciotti (LR), qui ont réclamé une commission d’enquête parlementaire. « Je proposerai qu’on fasse une commission d’enquête parlementaire pour savoir si l’on a prépositionné des forces militaires et civiles en nombre suffisant, alors qu’on savait que l’ouragan arrivait », a déclaré le chef de file des Insoumis, lors de l’émission « Dimanche en politique » sur France 3.

« C’est la première fois qu’un cyclone est aussi important et frappe un de nos territoires français », s’est justifiée Annick Girardin depuis Saint-Martin. Face aux pillages qui ont eu lieu après l’ouragan, la sécurité figurait au rang des priorités de la gestion de crise, a rappelé la ministre.

Mais « quand on arrive sur un territoire sinistré, qu’est-ce qu’on fait d’abord ? On apporte de l’aide à celui qui est en train de mourir, à celui qui a besoin d’assistance ? Ou tout de suite, on bloque tout le territoire ? », a-t-elle interrogé, assurant que la sécurité était désormais « revenue sur le territoire ».

Saint-Martin « entre dans une nouvelle phase »

Maintenant que le second ouragan, José, est passé au large des côtes sans faire de dégâts supplémentaires, Saint-Martin « entre dans une nouvelle phase », selon elle : celle de « la vie qui reprend » et de la « reconstruction ».

Les secours, militaires et forces de l’ordre dépêchés sur l’île atteindront le nombre de 2 000 effectifs d’ici dimanche soir. Après le confinement lié à José, la priorité reste de remettre en place le pont aérien et le pont maritime, pour évacuer les blessés et les plus vulnérables.

Selon les pompiers, 300 mètres cubes d’eau doivent être distribués dans la journée de dimanche. De la nourriture va également être distribuée dans différents quartiers de l’île. « Cette histoire n’est pas une histoire politique, (...) mais une histoire de survie », a jugé le président du conseil territorial, Daniel Gibbs, en estimant que « tout ce qui devait être fait a été fait ».

Des experts doivent arriver sur l’île dans la semaine à venir pour chiffrer les dégâts et le coût de la reconstruction. Les opérateurs travaillent à rétablir au plus vite les télécommunications, toujours coupées.