Les dirigeants de Paris 2024 ont évolué depuis neuf mois sur une ligne de crête face à l’idée d’une double attribution. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

La rigidité a payé. Sauf improbable retournement de situation, les membres du Comité international olympique (CIO), réunis en session à Lima, devraient valider lors d’un vote à main levée, mercredi 13 septembre, l’attribution des Jeux olympiques 2024 à Paris, et celle de l’édition suivante, en 2028, à Los Angeles. Une répartition des dates que les organisateurs français doivent, en partie, à leur intransigeance durant toute la course olympique.

Depuis plus de deux ans et l’officialisation de la candidature parisienne, le 23 juin 2015, ses soutiens n’ont pas dévié d’un iota de leur position initiale : 2024 ou rien. Alors que s’esquissait, à la fin de 2016, la possibilité d’une rarissime double attribution des Jeux d’été 2024 et 2028, Paris, avec Los Angeles pour seule concurrente, n’a jamais officiellement envisagé d’organiser l’événement dans onze ans.

Même lors de la validation du principe de double attribution, le 11 juillet à Lausanne, la posture n’a pas changé. « Lorsqu’il y a eu une ouverture, nous sommes à nouveau restés sur 2024, parce que nous croyions en notre candidature, résume la ministre des sports, Laura Flessel. Si nous n’avons jamais ouvert la porte à 2028, c’est parce que nous étions prêts pour 2024 et sûrs de nous. »

« Ce n’est pas de l’arrogance »

Tony Estanguet, le coprésident du comité de candidature, ou Anne Hidalgo, maire de la capitale, ont dû évoluer sur une ligne de crête. Expliquer que la double attribution 2024-2028 était une « bonne idée », tout en maintenant fermement que Paris ne serait candidate qu’à la première échéance. Le tout en évitant de se faire taxer d’un trop plein d’assurance ou d’un manque de souplesse.

« Ce n’est pas de l’arrogance, assure Michael Aloïsio, directeur général adjoint de Paris 2024. Nous nous sommes engagés dans un projet. On ne peut pas nous reprocher d’avoir été mauvais en lobbying les fois précédentes et maintenant dire, parce que nous avons les bonnes stratégies de lobbying, que nous sommes arrogants. Au contraire, nous avons des gens qui connaissaient parfaitement l’environnement olympique et qui étaient en capacité de jauger les situations. Il n’y avait aucune raison de basculer sur 2028. »

Face à cette position inflexible, les Américains, plus ouverts, ont parfois montré quelques signes d’agacement. « Lorsque la question de la double attribution est apparue, nous n’avons jamais dit : “Los Angeles en premier”, ou “C’est 2024 ou rien”, déclara ainsi Casey Wasserman, le responsable de la candidature américaine, le 7 juin. Cela ressemble à un ultimatum, nous sommes de meilleurs candidats que ça. » Les membres de Paris 2024 ont préféré ne pas répondre publiquement. Hors micro, ils murmuraient aux journalistes que si Los Angeles acceptait 2028, c’est que les Américains savaient que la candidature française était meilleure.

Pragmatique

Trop tourné vers le passé, l’argument du centenaire – Paris a organisé les Jeux pour la dernière fois en 1924 – a rapidement été remisé à l’heure de justifier l’importance de ne pas céder sur 2024. Et c’est une autre carte, plus pragmatique, qui a été jouée : celle du futur village olympique, prévu à Saint-Denis. « Il est impossible d’obtenir le terrain pour 2028 », a assuré Tony Estanguet. Attendre quatre ans de plus aurait obligé à changer le lieu du village olympique et forcément affaibli le projet, ont répété en boucle les organisateurs. « Nous n’aurons aucun village de cette qualité-là pour 2028 », a assuré Jean-François Martins, l’adjoint à la maire de Paris chargé des sports.

En juillet à Lausanne, en marge d’une session du CIO, lors d’une discussion informelle, M. Martins, face à quelques journalistes lui demandant pourquoi l’échéance de 2028 était systématiquement écartée, avait eu cette ultime réponse en forme de boutade : « Le logo ne marche que pour 2024 de toute façon ! » Evoquant la tour Eiffel, le logo représente en effet deux chiffres imbriqués : un « 2 » et un « 4 » auquel les membres de la candidature française n’ont jamais voulu renoncer. Une stratégie qui devrait se révéler gagnante.