Une boutique Orange à Paris, en juillet 2012. / ANA AREVALO / AFP

Le spectre d’une privatisation totale d’Orange commence à échauffer les esprits au sein de l’opérateur de télécommunications. La CFE-CGC d’Orange et l’ADEAS (Association de défense de l’épargne et de l’actionnariat salarié), liée au syndicat, ont écrit au premier ministre, Edouard Philippe, jeudi 7 septembre, pour lui faire part de leur préoccupation à propos du désengagement potentiel de l’Etat, qui possède 23 % du capital de l’opérateur.

Les deux organisations veulent, par l’entremise de M. Philippe, « rappeler au ministre de l’économie [Bruno Le Maire] qu’Orange est un acteur clef de la souveraineté numérique de la France, donc une entreprise pleinement stratégique pour les intérêts français », est-il écrit dans la missive, qui rappelle l’importance de l’opérateur en France. « Premier investisseur dans les réseaux de télécommunications français », Orange est également présent dans la cybersécurité avec Orange Cyberdéfense, pose des câbles sous-marins avec Orange Marine et investit massivement en Afrique, en particulier dans l’ouest du continent (en Côte d’Ivoire, au Mali ou au Sénégal, entre autres).

Inquiétude sur la souveraineté numérique

Le syndicat s’interroge donc sur le devenir de la société en cas « d’OPA par une entreprise étrangère ». « La puissance publique aura-t-elle les moyens de garantir que les actifs stratégiques [de l’opérateur] dans les réseaux de télécommunications français resteront bien au service de notre souveraineté numérique ? ». Qu’adviendra-t-il également des 40 000 salariés encore fonctionnaires, et dont le statut doit être revu en 2019 ? « Le gouvernement ne sera-t-il pas tenté de lever la garantie qui avait été donnée aux fonctionnaires de conserver leur statut jusqu’à la fin de leur activité ? », poursuivent la CFE-CGC et l’ADEAS, qui rappellent que grâce à la loi Florange instaurée par Arnaud Montebourg en 2014, l’Etat peut conserver le tiers des droits de vote tout en détenant « moins d’un tiers du capital ».

La CFE-CGC demande donc au gouvernement de confirmer « le caractère stratégique d’Orange », en maintenant une forte présence au sein de la gouvernance. Ce qui laisse peu de marge à l’Etat. Car, pour maintenir trois représentants au conseil d’administration (deux au titre de l’Agence des participations de l’Etat, un pour Bpifrance), les pouvoirs publics doivent conserver 20 % du capital.