Laura Flessel, le 12 septembre 2017, à Lima. / GUADALUPE PARDO / REUTERS

Après un siècle d’attente et de cuisants échecs, Paris doit être officiellement désignée ville hôte des Jeux olympiques 2024, mercredi 13 septembre, lors de la 131e session du CIO à Lima (Pérou). La ministre des sports, Laura Flessel, fait valoir « le travail accompli » et insiste sur la portée de l’événement.

A quelques heures de la ratification de l’attribution, quel est votre état d’esprit ?

Laura Flessel : Je suis contente et surtout fière du travail que nous avons accompli. Il y a eu une coconstruction entre le mouvement sportif, les politiques, les partenaires publics qui nous ont fait confiance. On a fait une trêve olympique pour aller chercher cette candidature. Pour moi, en tant que sportive, c’est un volcan qui est presque en ébullition.

C’est un événement que l’on attend depuis cent ans. Je suis désolée, on ne doit pas banaliser, on doit en être fier. On a besoin, en ces temps difficiles, de se dire que l’on est capable de rivaliser, de gagner au niveau international.

Comment expliquez-vous, en tant que championne olympique, qu’il existe une défiance de la population envers les Jeux olympiques ?

Il y a parfois une mauvaise communication. Nous, on a aussi travaillé sur les échecs post-olympiques de certaines grandes villes qui ont raté la transmission d’un héritage. On a conçu notre candidature sur des faits cohérents, écologiques, structurels pour avoir un impact économique positif.

Certains observateurs soulignent la hausse des loyers, et donc l’exclusion d’une partie de la population, à la suite des Jeux 2012 de Londres…

Après tous ces Jeux, toutes ces claques, nous voulons travailler à un héritage positif, un héritage qui irait à la population. Lorsqu’on regarde l’impact économique, on est à près de 11 milliards d’euros attendus [entre 5,3 milliards et 10,7 milliards d’euros sur la période 2017-2034, selon une étude commandée par le comité de candidature].

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Il s’agit des prévisions les plus optimistes…

Oui, mais vous savez, je suis une compétitrice, donc, je n’irai pas chercher la fourchette basse, j’irai chercher la fourchette haute, en travaillant avec des experts qui nous amèneront à cette transformation positive. Je pense qu’il y a aussi un souci général : on a toujours l’impression de regarder le verre à moitié vide.

Lorsqu’on sait qu’en Seine-Saint-Denis il y a une carence au niveau des logements, il y aura 4 500 logements qui vont être prêts après les Jeux [aménageables sur le site du village olympique et de l’espace dédié aux médias]. Lorsqu’on sait que 50 % des enfants de 11 ans de la Seine-Saint-Denis ne savent pas nager, on va leur donner un centre aquatique.

Quel doit être le rôle du sport dans la société ?

Quand je suis arrivée au ministère, une de mes conseillères m’a dit : « Que veux-tu à la fin du quinquennat ? » Et je sais déjà ce que je veux : avoir une France qui soit plus sportive, qui soit plus conciliante avec l’autre, qui se fasse plaisir, qui soit plus dans le partage, qui soit plus accueillante. On va utiliser ce sport comme vecteur permettant de retravailler l’estime de soi, la valorisation de l’autre, le respect de l’autre.

Nous voulons parvenir à 3 millions de pratiquants supplémentaires. On ira les chercher partout. Dans les écoles, dans les entreprises, dans le sport universitaire. Et nous voulons aussi créer 500 maisons sport-santé qui permettraient de s’initier à des pratiques sportives avec des coachs adaptés.

Avec quel budget, sachant que le sport représente seulement 0,14 % du budget de l’Etat ?

Ces grands projets auront des lignes budgétaires. Il va y avoir une transformation, une réorientation, une hiérarchisation dans les lignes pour valider les projets. Comme pour tout le gouvernement, il va falloir faire des efforts.