Le Labyrinthe du Minotaure, RBA/Le Monde, « Mythologie », 120 p., 9,99 € (en vente dès le 13 septembre).

Il tua le Minotaure et devint roi d’Athènes. Il unifia la Grèce et instaura, dit-on, la démocratie. Thésée est de ces héros d’ascendance divine – il serait le fils caché de Poséidon – que rien n’arrête, pas même le temps. Sa légende, que déploie le quatrième volume de la collection « Mythologie », publiée par Le Monde, retrace ses exploits, révélant, en filigrane, les failles et les dilemmes qui l’habitent.

C’est en Crête que se scelle son destin. Chaque année, le labyrinthe que l’architecte Dédale a bâti pour le roi Minos est le théâtre du sacrifice de jeunes Athéniens des deux sexes, livrés au monstre cornu Astérion, le fameux Minotaure, qui s’y trouve emprisonné. Aidé d’Ariane et du fil d’or qui lui garantit son salut, Thésée terrasse la créature.

La suite de l’aventure demeure dans toutes les mémoires, nourrie de poètes en tragédiens, de peintres en compositeurs. Racine, Jorge Luis Borges ou Marguerite Yourcenar feront du combat du héros et de la bête une quête identitaire. Les toiles d’Annibal Carrache, les opéras de Joseph Haydn ou de Richard Strauss métamorphoseront l’abandon et l’oubli d’Ariane à Naxos en renaissance…

Pourtant, malgré son impressionnante postérité, la victoire de Thésée conserve un goût amer. A son retour à Athènes, le futur roi oublie la promesse faite à celui qui croit être son père. Egée, n’apercevant pas la voile blanche qu’il attendait, se jette dans la mer, qui porte désormais son nom.

Dès lors le monstre n’est peut-être pas celui que l’on croit. Thésée, pétri de cet appétit de la démesure que les Anciens nomment hubris, pourrait bien être la proie de son orgueil. Sa bataille mythique serait alors un combat contre lui-même, entre ruse et force, raison et contradictions, aspirations et conscience. Dans l’obscur labyrinthe de sa vie Thésée s’est-il trouvé ? C’est probablement pourquoi son mythe n’a pas pris une ride.

RBA/« LE MONDE »