Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à St Louis pour dénoncer les violences policières envers les noirs aux Etats-Unis. / LAWRENCE BRYANT / REUTERS

Un rassemblement à St Louis (Missouri) a mené à des heurts dans la nuit de vendredi 15 à samedi 16 septembre. Plusieurs centaines de manifestants étaient réunis près d’un tribunal pour le verdict d’une affaire remontant à 2011, dans laquelle un ancien policier blanc était jugé pour le meurtre d’un jeune homme noir soupçonné d’être un dealer. Vendredi, l’homme a été acquitté. Les échauffourées se sont produites alors que les manifestants quittaient les abords du tribunal et se dirigeaient vers un autre quartier en criant : « Pas de justice, pas de paix », « ces flics tueurs doivent s’en aller ! ».

La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc alors que des manifestants brisaient des vitres de commerces et lançaient des pierres et des bouteilles d’eau sur les forces de l’ordre. Le domicile de la maire de St Louis, la démocrate Lyda Krewson, a également été visé, a annoncé la police, qui a fait état d’une dizaine de blessés dans ses rangs et d’au moins 23 interpellations.

A la suite de ces violences, le groupe de rock U2 a annulé le concert qu’il devait donner à St Louis samedi soir, en mettant en avant des raisons de sécurité pour les spectateurs. « Nous avons été informés par la police de St Louis qu’elle n’était pas en mesure de fournir la protection standard pour notre public comme cela devrait être le cas pour un événement de cette ampleur », a déclaré U2 dans un communiqué commun avec l’organisateur du concert, Live Nation.

Cinq semaines de procès

Le rassemblement se voulait initialement pacifique. / LAWRENCE BRYANT / REUTERS

Au terme de cinq semaines de procès, l’ex-policier Jason Stockley, 36 ans, a été déclaré non coupable de meurtre dans la mort du jeune Noir Anthony Lamar Smith, qui avait 24 ans. Ce dernier a été tué par balles dans son véhicule alors qu’il cherchait à échapper à Jason Stockley et à un autre agent, le 20 décembre 2011. Le juge Timothy Wilson a estimé que le procureur n’avait pas démontré « au-delà du doute raisonnable » que le policier n’avait pas agi en état de légitime défense.

Jason Stockley a affirmé avoir vu Anthony Lamar Smith tenter de saisir un revolver dans sa voiture, mais l’arme n’apparaît pas sur les images de la caméra embarquée dans la voiture de police, ni sur celles prises par un témoin sur son téléphone portable et par la caméra de surveillance d’un restaurant voisin. Le juge Wilson a expliqué dans sa décision qu’en « près de 30 ans d’expérience au tribunal, un trafiquant de drogue sans arme à feu serait une anomalie ».

Le verdict résonne particulièrement à St-Louis, lieu d’émeutes en 2014 après la mort de Michael Brown, 18 ans, à Ferguson, non loin de là. Il avait été tué par un policier blanc qui avait échappé à toutes poursuites pénales. Ce qui avait déclenché un mouvement de protestation dans tout le pays contre les meurtres de suspects noirs par des policiers blancs. C’est à cette occasion que le mouvement de défense « Black lives matter » (« Les vies noires comptent ») était monté en puissance.