Manifestation à Dacca en soutien aux Rohinga à l’appel d’un groupe islamiste le 18 septembre. / MUNIR UZ ZAMAN / AFP

Environ vingt mille islamistes marchaient, lundi 18 septembre, dans la capitale du Bangladesh, vers l’ambassade de Birmanie, pour protester contre les violences envers la minorité musulmane rohingya, à l’origine d’une grave crise humanitaire.

Une foule de manifestants vêtus de tuniques blanches et chantant « Dieu est grand » se rassemblait lundi matin près de la grande mosquée de Dacca. Le groupe islamiste radical Hefazat-e-Islami, à l’origine du rassemblement, dit vouloir « assiéger » la représentation diplomatique de centaines de milliers de ses partisans.

Mais la police, déployée en nombre dans les rues par crainte de débordements, a bloqué le cortège dans le centre de Dacca. Seule une délégation de dix personnes a été autorisée à se rendre à la représentation diplomatique pour y déposer une pétition. Décrivant une atmosphère de « tension », Anwar Hossain, un haut responsable de la police de Dacca, a annoncé la dispersion des 20 000 manifestants en début d’après-midi.

Aung San Suu Kyi attendue mardi dans un discours à la Nation

Plus de 410 000 membres de la minorité musulmane rohingya sont passés au Bangladesh voisin depuis le 25 août pour échapper à une campagne de répression de l’armée birmane consécutive à des attaques de rebelles rohingya. Le sud de ce pays frontalier de la Birmanie s’est transformé en l’un des plus vastes camps de réfugiés du monde en l’espace de trois semaines.

La première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, s’est envolée samedi pour l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), où elle va appeler à la solidarité internationale face à cet afflux de réfugiés. L’ONU a qualifié d’« épuration ethnique » les exactions de l’armée birmane et des milices bouddhistes.

Après avoir annoncé qu’elle ne se rendrait pas à l’Assemblée générale de l’ONU lundi à New York, Aung San Suu Kyi a annoncé son intention de s’adresser à ses concitoyens mardi, pour la première fois depuis le début de la crise de la fin du mois d’août. Son discours télévisé à la Nation est très attendu, la Prix Nobel de la paix ayant apporté jusqu’ici son soutien sans faille à l’armée.

Recours en Inde contre leur déportation

Par ailleurs, en Inde, la Cour suprême examinait lundi une contestation en justice de la déportation de dizaines de milliers de Rohingya vivant dans le pays, décidée par le gouvernement. Officiellement 16 000, leur nombre est, cependant, estimé à 40 000 en Inde. Cette annonce de New Dehli, qui concerne même ceux dûment enregistrés comme réfugiés auprès des Nations unies, avait déclenché le mois dernier une pluie de critiques parmi les défenseurs des droits de l’homme.

Le recours a été introduit au nom de deux hommes résidant dans un camp de réfugiés de New Delhi depuis qu’ils ont fui, il y a plusieurs années, les violences contre leur minorité en Birmanie. Les autorités justifient la nécessité de leur expulsion par le lien qu’entretiennent, selon elles, « certains Rohingya » avec des groupes extrémistes. Les avocats des réfugiés estiment qu’une telle déportation serait contraire à la Constitution indienne.

La cause de la minorité rohingya a soulevé une vague de solidarité dans le monde musulman. Plusieurs rassemblements de soutien se sont tenus au Pakistan, en Malaisie et en Indonésie. Des groupes islamistes bangladais appellent leur gouvernement à entrer en guerre contre la Birmanie et à intervenir militairement dans l’Etat birman d’Arakan (ouest) pour défendre les Rohingya.