L’hélicoptère de Donald Trump arrive à New York, le 17 septembre. / YURI GRIPAS / REUTERS

Pour sa première apparition au siège de l’ONU, ce lundi 18 septembre, le président américain, Donald Trump, n’a pas ménagé ses effets. Il lance, ni plus ni moins, une vaste OPA sur la réforme de l’organisation en réunissant environ 130 pays autour de ce chantier que de nombreux diplomates jugent nécessaire. L’initiative est toutefois inédite pour un président qui estimait encore au mois de janvier que l’organisation n’était « qu’un club où les gens se rassemblent, bavardent et passent un bon moment » et qui avait été élu sur son slogan de campagne : « L’Amérique d’abord ».

Dans une déclaration politique en dix points – qu’il présentera aux côtés du ­secrétaire général, Antonio Guterres, et de l’ambassadrice américaine, Nikki Haley –, M. Trump souligne en des termes très vagues les engagements que l’ONU devrait prendre. Cette organisation, régulièrement accusée de n’être « qu’une grosse machine » népotique, coûteuse et handicapée par ses lourdeurs administratives, doit devenir « plus performante et plus efficace », assure-t-il. « Nous soutenons pleinement, à ce titre, l’action du secrétaire général des Nations unies », écrit-il encore alors qu’Antonio Guterres travaille déjà à un véritable lifting de l’organisation sur trois chantiers prioritaires : la paix et la sécurité dès 2018, le management du personnel et les questions de parité, ainsi qu’une coordination accrue des instances chargées du développement.

Nombreuses tergiversations

A Paris, cette initiative a fait grincer des dents. Non seulement la France n’a pas été associée à cet événement – contrairement au Royaume-Uni et à l’Allemagne –, mais Paris craignait qu’il ne polarise le débat entre les Occidentaux d’un côté et les pays en voie de développement de l’autre. Un proche du dossier estime « avoir été rassuré par la signature de nombreux pays cette dernière semaine et sa large représentativité transrégionale ». Après de nombreuses tergiversations, Paris enverra donc un haut fonctionnaire à cette réunion et a signé au dernier moment la déclaration politique, sans valeur contraignante. « Le mouvement était déjà en marche », note-t-on, tout en soulignant « qu’il y a de grands absents parmi lesquels la Chine, le Brésil ou l’Afrique du Sud ».

Pour être validée, la réforme de l’ONU doit être approuvée par consensus par la 5Commission. L’absence de ces poids lourds du G77 (la coalition des pays en voie de développement), souligne le caractère clivant de la méthode Trump, qui a forcé tous les pays souhaitant s’associer à son initiative à signer au préalable sa déclaration.

A l’ONU, on doute toutefois de la conversion de M. Trump au multilatéralisme et on note avec inquiétude que les Etats-Unis, qui ont déjà été aux avant-postes pour réduire – avec le soutien des Européens – le budget des opérations de maintien de la paix de 600 millions d’euros, pourraient se saisir de cette initiative pour justifier une diminution drastique de leurs contributions volontaires et mettre la pression aux Etats membres pour réduire leur participation au budget régulier de l’ONU. Les plus optimistes veulent y voir une opportunité de défendre la crédibilité de l’organisation. « Si l’ONU montre qu’elle est capable de se réformer et d’être efficace, alors Washington pourrait changer d’avis », estime un diplomate.