Le bras de fer entre Madrid et Barcelone n’en finit pas, à l’approche du référendum sur l’indépendance prévu le 1er octobre. L’exécutif séparatiste de la Catalogne a présenté, lundi 18 septembre, un recours contre la mise sous tutelle de ses dépenses par l’Etat devant le Tribunal suprême, accusant le gouvernement de vouloir provoquer la paralysie de l’administration catalane.

Vendredi, le gouvernement espagnol avait annoncé avoir établi « un nouveau système de contrôle des dépenses » pour éviter qu’elles ne financent des « activités illégales » comme le référendum d’autodétermination interdit, prévu le 1er octobre.

En vertu de ce « système », l’Etat versera directement les salaires des fonctionnaires, les allocations sociales, et le paiement des factures des fournisseurs des services publics pour éviter tout détournement de fonds vers l’organisation du scrutin, a expliqué le ministre du budget, Cristobal Montoro. Madrid a laissé jusqu’à mardi à l’exécutif catalan pour transmettre la liste de ces paiements à effectuer d’urgence.

Samedi, des milliers de personnes ont manifesté en Catalogne pour soutenir les maires cités à comparaître par le parquet pour avoir accepté de collaborer à l’organisation du vote, jugé illégal par le Tribunal constitutionnel espagnol, et pour défendre leur « droit à décider ».

« Ce n’est jamais arrivé »

La décision du gouvernement a été prise après que les séparatistes ont fait savoir au gouvernement qu’ils ne se soumettraient plus au contrôle hebdomadaire des dépenses qui leur était imposé depuis juillet. Le même jour, le président régional catalan, Carles Puigdemont, le vice-président de la Catalogne, Oriol Junqueras, la présidente du parlement catalan, Carme Forcadell, et la maire de Barcelone, Ada Colau, avaient adressé une lettre au gouvernement espagnol pour dénoncer une « répression sans précédent » de l’Etat contre les partisans du référendum.

Cette mise sous tutelle a pour but d’entraîner « l’effondrement de l’administration », a renchéri M. Junqueras sur la radio catalane RAC1, lundi matin. Selon lui, la mesure est une manière déguisée de retirer son autonomie à la Catalogne ; une mesure qui ne peut, en principe, être décidée qu’à l’issue d’un débat suivi d’un vote à la majorité absolue au Sénat.

« Ce n’est jamais arrivé, a-t-il assuré à des correspondants de la presse internationale à Barcelone. Cela veut dire que l’on ne peut consacrer un euro à des dépenses dans les secteurs de l’industrie, du commerce, de l’agriculture, l’élevage, la culture, la recherche, les sports, la jeunesse, les minima sociaux, le logement », a-t-il énuméré.

Mais cette décision, a-t-il ajouté, n’empêchera pas la tenue du référendum. « Les citoyens voteront, il y aura des urnes et il y aura des bulletins. »