Infographie / Le Monde

L’ouragan Maria, de catégorie 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, a balayé dans la nuit de lundi 18 à mardi 19 septembre les îles de la Martinique, de la Dominique, et de la Guadeloupe. Celle qui n’était encore qu’une simple tempête tropicale il y a deux jours, s’est soudain transformée en ouragan d’une puissance comparable à celle d’Irma, qui a dévasté il y a moins de deux semaines les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélémy.

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  • Des renforts envoyés sur place

Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a précisé que 668 personnels de la sécurité civile et près de 3 000 personnes, tous services confondus, étaient déployés dans la zone Antilles. Outre ce dispositif, un contingent de 565 militaires de la sécurité civile doit quitter la métropole dans la journée. Un deuxième renfort, « une centaine de militaires de la sécurité civile, de sapeurs-pompiers spécialisés dans les opérations de déblaiement » devait également rejoindre les Antilles dans la soirée, a annoncé mardi depuis Paris Jacques Witkowski, directeur général de la sécurité civile.

« En fonction des opérations de reconnaissance effectuées, des renforts supplémentaires pourront être envoyés sur zone », précise le ministère. L’arrivée du bâtiment Tonnerre, prévue dans quatre jours, permettra l’acheminement de très nombreux matériels et de génie militaire.

La ministre des outre-mer, Annick Girardin, actuellement en Guyane, a annoncé sur Europe 1 qu’elle se rendrait dès ce mardi en Guadeloupe, frappée par l’ouragan après la Martinique. Jugeant qu’il était « beaucoup trop tôt » pour établir un bilan des dégâts aux Antilles françaises. « Les préoccupations, c’est bien Marie-Galante et les Saintes », a-t-elle affirmé. Le gouvernement a été critiqué pour sa mauvaise anticipation du passage de l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélémy. « Nous ne sommes pas du tout dans les mêmes problématiques », a déclaré la ministre, estimant les territoires touchés par Maria moins isolés.

Air France, Air Caraïbes et Corsair ont reporté des vols à destination ou en provenance de Pointe-à-Pitre et Fort-de-France. Tous les vols sont annulés dans les deux aéroports de Guadeloupe et Martinique, jusqu’à mardi après-midi (soirée en métropole).

  • Inondations et coupures d’électricité en Guadeloupe

En Guadeloupe, 80 000 foyers sont privés d’électricité selon la préfecture. L’île, placée en alerte violette cyclonique à l’approche de Maria, se trouve désormais en niveau de vigilance gris selon Météo France. Le pic du phénomène dans l’archipel a été atteint mardi à 3h (9 h en métropole). Le préfet de région, Eric Maire, a ordonné l’évacuation des zones à risque. Ecoles, administrations et entreprises sont fermées dans toute l’île. Selon M. Maire, interrogé par Guadeloupe 1ère, « il est très difficile de faire le point puisque les forces de secours sont confinées ». Mais il a évoqué « des précipitations très importantes, des inondations et des toitures envolées », notamment celles de « quelques casernes de pompiers ».

L'ouragan Maria s'abat sur la Guadeloupe
Durée : 01:30

Maria a eu « un impact sans doute important » dans l’archipel des Saintes, au sud de la Guadeloupe continentale, a annoncé Jacques Witkowski, le directeur général de la sécurité civile. Sur la radio locale RCI, le maire de Terre-de-Haut, commune des Saintes, a décrit une « situation très difficile ». « On n’a que peu d’éléments car on ne peut pas sortir, mais elle est catastrophique », a déclaré Louis Molinié.

L’œil de l’ouragan est passé à moins de 50 kilomètres du sud de la Basse-Terre et à 20 kilomètres au sud des Saintes.

  • 50 000 foyers sans électricité en Martinique

L’ouragan a touché auparavant la Martinique, avec des vents de plus de 250 km/h, où 50 000 foyers ont été privés d’électricité, selon le ministère de l’intérieur. Quelque 10 000 foyers ont également été privés d’eau potable, particulièrement dans deux communes, Morne-Rouge et Gros-Morne.

La préfecture n’a pas relevé de dégâts significatifs avec une quarantaine d’interventions des pompiers. L’ouragan a fait deux blessés « très, très légers », a précisé le directeur général de la sécurité civile Jacques Witkowski. Selon Christian Massip, prévisionniste à Météo France, l’œil du cyclone est passé à 50 kilomètres des côtes du nord de l’île, mais le mur de l’œil du cyclone, qui concentre des vents très forts, ne l’a pas touchée.

L’activité économique a été « stoppée », les transports en commun « interrompus ». Les établissements scolaires et les crèches ont été fermés. L’île se trouve toujours en vigilance orange, avec des vents violents, de fortes pluies et une mer dangereuse. Le ministère de l’intérieur conseille à la population de rester chez elle. Seuls les services chargés de la sécurité sont habilités à se déplacer pour faire l’évaluation des dégâts.

  • Un mur de vent dévastateur en Dominique

Maria a ensuite frappé de plein fouet la Dominique avec des vents destructeurs atteignant 260 km/h. Arbres et poteaux électriques renversés, fortes pluies, vents violents et inondations… Dès lundi après-midi, les quelque 73 000 habitants, pratiquement coupés du monde au milieu de la nuit, ont témoigné sur les réseaux sociaux de l’impact de l’ouragan sur cette île anglophone indépendante.

Les météorologues redoutent des dégâts bien plus considérables qu’à la Martinique, car l’œil du cyclone et son mur de vent dévastateur sont passés directement au-dessus de l’île. La Dominique a « perdu tout ce qui pouvait être perdu », a déclaré mardi le premier ministre, Roosevelt Skerrit sur sa page Facebook. Il a lancé un appel à « l’aide de toute nature », et notamment des hélicoptères, afin de pouvoir évaluer l’étendue des dégâts depuis le ciel.

Aucune victime n’est signalée jusqu’à présent dans l’île, a ajouté M. Skerrit. Il redoute toutefois des glissements de terrains en raison des pluies diluviennes.

  • Saint-Martin et Saint-Barthélemy en vigilance rouge

Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les deux îles des Petites Antilles où Irma a fait 11 morts et des centaines de millions d’euros de dégâts, ont été placés en alerte rouge. Des alertes ouragan ont également été déclenchées dans les îles de Saint Kitts et Nevis, Montserrat (Royaume-Uni), Antigua-et-Barbuda, Sainte-Lucie, ainsi que Saint-Eustache et Saba (Antilles néerlandaises).

Les îles Vierges britanniques ont été placées sous couvre-feu à l’approche de l’ouragan, qui devrait frôler ses côtes à partir de mardi soir. « Bien que Maria ne soit pas aussi puissant qu’Irma, notre situation est aussi très différente (car) nos îles sont actuellement extrêmement vulnérables », a déclaré le premier ministre de ce territoire britannique d’outre-mer, Orlando Smith. « Les conséquences, comme de possibles inondations et des vents violents qui peuvent transformer les débris en projectiles dangereux, peuvent être plus graves et plus traîtres », a-t-il souligné, appelant les habitants à se mettre à l’abri. Mais nombre d’entre eux n’ont pas encore pu regagner leur domicile après les dégâts enregistrés la semaine dernière.

Maria pourrait aussi atteindre Porto-Rico et les Iles Vierges américaines mercredi. Le gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rossello, craint que son territoire ne soit touché avec « une force et une violence que nous n’avons pas connues depuis plusieurs générations ». Il a invité les 3,4 millions d’habitants du territoire américain à se protéger par tous les moyens possibles ou à se rendre dans des abris.