Gianni Infantino, ici au côté du président de la Fédération française, a lancé le mondial féminin 2019, à Paris. / FRANCK FIFE / AFP

« Uniquement des questions sur le football féminin ». La promotion de la mixité sportive et de l’égalité devant le ballon rond a offert un bel argument au président de la Fédération internationale de football association (FIFA) pour esquiver, mardi 19 septembre à Paris, toute question ayant trait aux soupçons qui pèsent sur sa présidence.

Bienveillance et échange d’amabilité étaient de rigueur au musée de l’Homme, réquisitionné pour le lancement de la prochaine Coupe du monde de football féminin, organisée du 7 juin au 7 juillet 2019 en France. Prière donc de laisser sur la dalle du Trocadéro tout doute quant à la gestion de Gianni Infantino, dénoncée ces dernières semaines par d’anciens membres de la commission de gouvernance de la FIFA. Une instance créée justement pour redorer le blason d’une fédération ternie par les affaires.

La publication, jeudi dernier, de la lettre de démission de la respectée juge sud-africaine Navi Pillay, accusant Gianni Infantino d’ingérence, a fait suite au témoignage accablant de l’ancien président de cette commission de gouvernance. Devant les députés britanniques, Miguel Maduro, dont le mandat n’a pas été renouvelé en mai, a décrit la FIFA comme une organisation régie « par un système de règlements sans que la loi règne ».

Selon l’ancien ministre portugais, Gianni Infantino s’est opposé à ce que la commission de gouvernance déclare inéligible, en mars dernier, le vice-premier ministre russe Vitaly Mutko, à l’époque candidat à un nouveau mandat au sein du Conseil de la FIFA.

Selon Miguel Maduro, le président de la FIFA aurait justifié son soutien à la candidature de Vitaly Mutko par l’organisation de la prochaine Coupe du monde masculine… en Russie, en 2018.

Plusieurs membres de la commission de gouvernance ont démissionné après le débarquement du président de l’instance, qui se veut « indépendante ». L’un d’entre eux, Joseph Weiler, professeur de droit à l’université de New York, aurait même saisi la commission d’éthique de la FIFA, selon le New York Times.

« La plus belle Coupe du monde de l’histoire »

Pas question donc pour la FIFA de voir le lancement de la Coupe du monde 2019 gâché par les soupçons de mauvaise gestion visant son président. Flanqué d’une chargée de communication prompte à faire taire les curieux, interrompant les questions portant sur la FIFA, Gianni Infantino a martelé son souhait de voir le football féminin prendre un nouvel essor lors du Mondial organisé en France.

Objectif : « un milliard de spectateurs » devant ce que le Suisse espère être « la plus belle Coupe du monde féminine de l’histoire des Coupes du monde féminines, de l’histoire du football et de la FIFA ». Pas moins. « L’intérêt d’organiser une compétition comme celle-là, c’est avant tout pour le développement du foot féminin, mais c’est aussi d’être bien organisé et prêt pour un événement mondial », abondait Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, devant un parterre d’invités composé notamment des joueuses de l’équipe de France et du président du Paris - Saint-Germain, Nasser Al-Khelaïfi.

La 8e Coupe du monde de football féminin se jouera du 7 juin au 7 juillet 2019. Lyon accueillera les demi-finales et la finale de la compétition. « J’ai eu la chance de pouvoir participer en tant que secrétaire général de l’UEFA à l’organisation de l’Euro 2016, donc de pouvoir enchaîner en tant que président de la FIFA avec l’organisation d’une Coupe du monde féminine en France, c’est simplement magique », s’est réjoui Gianni Infantino.

Une promotion dans la hiérarchie du football mondial qu’il doit en grande partie aux affaires qui ont décimé la direction de la FIFA, dans un climat de soupçons que le Suisse lui-même peine à dissiper.