Le QG du Parti socialiste, rue de Solférino, à Paris, en 2012. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Cette fois, ça y est : c’en est fini de Solférino. Le Parti socialiste va mettre en vente l’hôtel particulier de 3 000 mètres carrés dont il est propriétaire depuis 1980 dans le 7arrondissement de Paris, à une encablure du Musée d’Orsay et de l’Assemblée nationale. La décision a été prise mardi 19 septembre en bureau national et annoncée en conférence de presse par le trésorier du parti, Jean-François Debat.

Aucun prix de vente ne sera annoncé, histoire de ne pas décourager les acheteurs qui seraient tentés de proposer une somme supérieure. Au parti, on ne dément toutefois pas les estimations parues ces derniers mois dans la presse, qui établissent le prix de l’hôtel particulier entre 40 et 70 millions d’euros.

La vente devrait se faire à l’issue d’un appel d’offres, qui comprendrait des clauses garantissant que le bien ne tombe pas entre n’importe quelles mains. L’idée est que l’opération ne tourne pas au fiasco politique si d’aventure un riche Qatarien ou le Front national se mettait en tête de racheter Solférino.

Chute des financements

L’éventualité de se séparer de l’immense bâtiment avait été évoquée dès après la présidentielle, alors que se profilait la catastrophe des élections législatives. Elle a depuis fait son chemin et a réussi à rallier à elle la majorité des socialistes. Il faut dire qu’une déroute électorale s’accompagne d’un gros manque à gagner pour une formation politique, qui reçoit chaque année des dotations publiques en fonction du nombre de députés et de voix recueillies.

La bérézina qu’a connue le PS dans les urnes en 2017 – le parti compte désormais 31 députés contre 284 lors de la précédente législature – s’est ainsi traduite par une chute des financements. La formation recevait environ 25 millions d’euros d’argent public annuellement entre 2012 et 2017, quand elle était majoritaire à l’Assemblée, soit plus de 40 % de ses recettes. La dotation s’élève aujourd’hui à quelque 7 millions d’euros. « Aucune banque ne veut prêter au Parti socialiste, vu l’état de ses finances », constate un ténor du parti, pour qui la vente de Solférino n’était, dans ces conditions, pas optionnelle.

Depuis des semaines, les partisans de la vente ont doublé cet argument financier d’une justification plus politique. Le parti, en phase de convalescence, à la recherche de sa ligne et de son espace politiques, est aussi mal en point que ses caisses. Or, a calculé une bonne partie des socialistes, comment reconquérir son électorat, être crédible en tant que force de gauche quand on s’exprime d’un des quartiers les plus cossus de la capitale ?

« Il vaut mieux avoir les moyens plutôt que le monument »

« Il faut faire des choix, souffle le trésorier. En théorie, on pourrait garder Solférino. Mais quel argent resterait-il pour nos actions politiques ? Nous devons faire de cette contrainte financière une opportunité. Se réincarner ailleurs, c’est montrer que nous n’avons pas l’intention de refaire le PS tel qu’il était avant. » « Si le Parti socialiste veut redémarrer, être à la hauteur, réussir son congrès [prévu en février ou mars 2018], investir dans les fédérations, il vaut mieux avoir les moyens plutôt que le monument », résume encore un cadre.

Chez les quelques opposants à la vente, on se réfère à l’histoire de la formation. « Perdre un symbole comme celui de Solférino, c’est perdre ce qu’a été la construction du Parti socialiste en tant que telle par François Mitterrand, ce n’est pas rien », regrettait ainsi le député et ancien ministre Stéphane Le Foll, le 12 septembre sur Franceinfo.

Une question reste maintenant en suspens : où le PS posera-t-il ses valises une fois le bâtiment vendu ? Plusieurs options sont évoquées, comme un déménagement en banlieue parisienne ou dans un arrondissement du nord de la capitale.