Le président français, Emmanuel Macron, aux côtés de la ministre des outre-mer, Annick Girardin, à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, le 12 septembre. / Christophe Ena / AP

Des mois après le mouvement de contestation, la grogne perdure. Les membres du collectif Pou Lagwiyann Dékolé, qui avait paralysé la Guyane en avril, ont affiché lundi 18 septembre leur mécontentement lors de la venue de la ministre des outre-mer Annick Girardin. « On n’avance pas du tout. Il faut aller dans le fond », a estimé auprès de l’Agence France-Presse l’un de ses représentants, Davy Rimane.

Mme Girardin présidait ce jour à Cayenne le comité local de suivi de « l’Accord de Guyane », protocole signé le 21 avril 2017 à l’issue du conflit social d’ampleur du printemps et qui prévoyait notamment un investissement d’« urgence » de l’Etat à hauteur de 1 milliard d’euros pour renflouer les caisses territoriales et entamer des rattrapages structurels dans tous les domaines.

Pour M. Rimane, la demande additionnelle de « 2,1 milliards d’euros » pour combler les déficits d’équipement publics et désenclaver l’intérieur guyanais tarde à être abordée. « On devait discuter [de cette somme] pour que ça apparaisse dans la loi de finances 2018. Mais il n’y a rien. On est loin du compte. »

« 100 % des mesures d’urgence faites ou en cours »

Pour Mickaël Mancée, figure du mouvement, renforcer les forces de l’ordre comme le prévoit l’accord, n’est pas une solution. « Même si on met plus de monde sur le terrain, ça va faire plus de travail pour les magistrats qui sont déjà débordés. La prison va être plus remplie alors qu’elle est déjà pleine », a-t-il fait valoir auprès de l’AFP.

Annick Girardin, elle, a défendu l’action du gouvernement devant la presse : « 100 % des mesures d’urgence sont aujourd’hui faites ou en cours. Sur les mesures sectorielles on est au rendez-vous et les mesures complémentaires sont déjà réglées et d’autres nécessitent un vrai débat. »

« Des sommes ont été apportées, les choses avancent, sans doute que c’est beaucoup trop lent quand on attend depuis 15 ans, mais on est au rendez-vous. »

« Rien n’a été dit aujourd’hui qui puisse me satisfaire puisque l’éducation a été relativement absente des débats », a déploré, de son côté à l’AFP, Martine Nivoix, représentante du syndicat du SGEN-CDTG.

Pour Alexandre Sommer, de l’Organisation des nations autochtones de Guyane, le dossier sur la création d’un « grand conseil coutumier » n’avance également pas. Or, argue-t-il, « toutes nos revendications partent de la constitution » de celui-ci, attendu depuis plus d’un an.

La lutte contre l’orpaillage illégal demeure en outre un sujet de mécontentement. « Il y a une augmentation de plus de 70 % des chantiers illégaux sur le territoire du Parc amazonien, c’est inadmissible », s’est agacé M. Sommer.