Le procès de neuf prévenus soupçonnés d’avoir incendié une voiture de police en mai 2016 a été suspendu, mardi 19 septembre, alors que de nombreux amis et sympathisants des mis en examen se sont présentés au tribunal. Il reprendra mercredi dans une salle plus grande.

L’audience avait débuté sous tension, mardi, alors qu’à l’extérieur de la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris, une foule d’amis et de sympathisants des prévenus s’agglutinait, sifflait et protestait, criant « Liberté ! Liberté ! ».

« La défense est maltraitée »

L’audience avait été interrompue deux fois en raison de protestations des avocats de la défense. Au nom de tous les avocats, Me Henri Leclerc a dénoncé « des conditions qui ne sont pas dignes de ce qu’est la justice » et affirmé : « La défense est maltraitée. » Le président et ses deux assesseurs se sont alors retirés, avec les avocats. Des chaises supplémentaires ont été installées.

Deux prévenus comparaissent détenus, six sont sous contrôle judiciaire et un neuvième homme, résidant en Suisse, ne s’est pas présenté aux convocations de la justice. Tous sont poursuivis pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou de dégradations », délit passible d’un an de prison. Plusieurs sont aussi jugés pour des « violences aggravées sur policiers en réunion », ils risquent jusqu’à dix ans d’emprisonnement.

Les prévenus comparaissant libres ont fait leur entrée dissimulés par des parapluies, tandis que leurs amis et leurs parents invectivaient les journalistes qui tentaient de les filmer et de les photographier.

Le 18 mai 2016, une voiture de police circulant quai de Valmy, à Paris, avait été attaquée par des participants à un rassemblement organisé pour protester contre une autre manifestation, de membres des forces de l’ordre celle-là.

L’indignation de Manuel Valls

Sur un film ayant fait le tour du monde, on voit des assaillants vêtus de noir et le visage masqué donner des coups de pied au véhicule, défoncer des vitres et y jeter une fusée de détresse. La voiture s’embrase.

L’un des deux policiers – présent à l’audience – sort et contre à mains nues des coups de barre de fer. Ces scènes avaient suscité l’indignation des forces de l’ordre tandis que le premier ministre, Manuel Valls, réclamait des « sanctions implacables ».

Plusieurs groupes de gauche radicale et des intellectuels ont, quant à eux, vivement critiqué les ratés de l’enquête, reposant en partie sur le témoignage anonyme d’un policier des renseignements, et la longue détention provisoire de certains prévenus.

Si la qualification criminelle avait été retenue au début de l’enquête, les juges d’instruction ont finalement décidé d’une qualification délictuelle, et de renvoyer les prévenus en correctionnelle. L’enquête n’avait en effet pas permis de caractériser l’intention d’homicide.