Dans un laboratoire de contrôle et de prévention des maladies à Atlanta (Georgie, Etats-Unis). / Branden Camp / ASSOCIATED PRESS

Face à la « menace » croissante des bactéries résistantes aux traitements, il y a un « grave manque de nouveaux antibiotiques en développement », alerte dans un rapport publié mercredi 20 septembre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« La résistance aux antimicrobiens est une urgence sanitaire mondiale qui met sérieusement en péril les progrès de la médecine moderne », souligne son directeur général le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus. Et ce dernier d’appeler à « multiplier les investissements dans la recherche et le développement pour les infections résistantes aux antibiotiques ».

L’agence de santé des Nations unies a recensé 51 nouveaux produits antibactériens en développement clinique pour traiter les agents pathogènes prioritaires résistants aux antibiotiques, de même que pour la tuberculose et l’infection diarrhéique parfois mortelle due au Clostridium difficile.

Mais, parmi tous ces candidats médicaments, « huit seulement » sont des « traitements innovants » susceptibles de valoriser l’actuel arsenal de traitements antibiotiques, déplore l’OMS.

Menace dans les hôpitaux

L’OMS, qui tire régulièrement la sonnette d’alarme sur l’augmentation de la résistance aux antibiotiques, a publié en février la liste de douze familles de « superbactéries » contre lesquelles elle juge urgent de développer de nouveaux traitements.

Le rapport pointe l’insuffisance « d’options » pour la tuberculose résistante, qui tue quelque 250 000 personnes par an, ainsi que pour des bactéries du type des Acinetobacter et des entérobactéries (telles que Klebsiella et E. coli). Ces dernières peuvent causer des infections graves et souvent mortelles. Elles représentent une menace particulièrement sérieuse dans les établissements hospitaliers.

Il existe également « très peu » de formes orales d’antibiotiques en développement, pourtant « essentielles pour traiter les infections en dehors des hôpitaux ou dans des contextes à ressources limitées ».

700 000 décès par an

« La recherche sur la tuberculose est sous-financée », relève pour sa part le docteur Mario Raviglione, directeur du programme global OMS de lutte contre cette maladie infectieuse. Plus de 800 millions de dollars par an seraient nécessaires pour trouver de nouveaux médicaments. La prévention et un usage approprié des antibiotiques – tant pour l’humain que l’animal – font également partie des moyens de combattre cette menace, rappelle l’OMS.

Les bactéries résistantes aux antibiotiques pourraient tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici 2050, soit autant que le cancer, selon un groupe d’experts internationaux formé en 2014 au Royaume-Uni, et auteur de plusieurs rapports sur le sujet.

Selon eux, le phénomène cause déjà 700 000 décès par an, dont 50 000 en Europe et aux Etats-Unis. En France, on estime que la résistance antibiotique est à l’origine de 12 500 morts par an. Des chiffres « probablement sous-estimés », souligne un rapport remis lundi au ministère de la santé.