A Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, après le passage de Maria, le 19 septembre. / ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS

L’ouragan Maria, après avoir frappé la Guadeloupe, puis épargné les îles du Nord, passant à 150 km environ au large de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, se dirigeait vers les îles Vierges et Porto Rico, mercredi 20 septembre au matin. Après Irma, Maria est le deuxième cyclone de très forte puissance, de catégorie 5, maximale, à balayer les Antilles et les Caraïbes.

Touchée dans la nuit de lundi à mardi, la Guadeloupe a subi, dix heures durant, les assauts de vents dépassant les 250 km/h et de très fortes précipitations. Selon la préfecture, le bilan serait de deux morts, dont une personne, « qui n’a pas respecté les consignes de confinement », tuée par la chute d’un arbre, et de deux personnes portées disparues à la suite du naufrage d’un bateau au large de La Désirade.

Les dégâts matériels risquent d’être importants. Si les bâtis semblent globalement ne pas avoir trop souffert, contrairement à ce qui s’était passé sur Saint-Martin et Saint-Barthélemy lors du passage d’Irma dans la nuit du 5 au 6 septembre, tous les réseaux routiers de l’archipel sont affectés par des chutes d’arbres ou de branchages, selon le bilan de la préfecture.

Des inondations et des submersions ont touché les régions de Pointe-à-Pitre et du sud de Basse-Terre. 80 000 foyers étaient privés d’électricité (40 % des foyers) et 25 % des clients de téléphonie fixe n’avaient plus accès au réseau, notamment aux Saintes, une des îles les plus touchées, avec Marie-Galante.

Activité économique stoppée

Après avoir été placée en alerte maximum, violette, la Guadeloupe était en alerte grise mardi soir, qui préconise une vigilance maintenue (« restez prudents »), mais qui permet le déplacement des véhicules de secours et de déblaiement. L’activité économique a été stoppée, les transports en commun interrompus et les établissements scolaires ainsi que les crèches fermés.

La veille, l’œil du cyclone était passé à environ 50 km de la Martinique, provoquant en particulier des coupures de courant pour quelque 50 000 foyers. Les îles du Nord, qui redoutaient l’arrivée d’Irma, avec des maisons fragilisées, des milliers de débris et de tôles susceptibles d’être emportés par les vents, n’ont pas trop souffert du passage de Maria. A contrario, la petite île anglophone de la Dominique a été frappée de plein fouet, avec des vents destructeurs atteignant 280 km/h. Les quelque 75 000 habitants « ont perdu tout ce qui pouvait être perdu », a déclaré, mardi, Roosevelt Skerrit, le premier ministre.

Une telle puissance n’avait pas été anticipée par les météorologues. « Maria a doublé la force de ses vents en 24 heures, de 120 km/h à 240 km/h. Une intensification si rapide et si forte n’était pas vraiment prévue, reconnaît Jean-Noël Degrace, météorologue de Météo France installé en Martinique. Plusieurs raisons l’expliquent : Maria a ralenti, ce qui favorise son renforcement. L’ouragan avançait sur des eaux plus chaudes que la normale, les vents d’altitude étaient très favorables, en présence d’une atmosphère très humide. »

Couvre-feu

Mercredi, l’ouragan s’abattait sur les îles Vierges américaines. Les îles vierges britanniques ont aussi été placées sous couvre-feu. Des alertes ouragan ont aussi été déclenchées dans l’ensemble des îles de la région, Montserrat (Royaume-Uni), Antigua-et-Barbuda, Sainte-Lucie, ainsi que Saint-Eustache et Saba (Antilles néerlandaises).

Alors que le cyclone fonçait sur la petite île de Porto Rico, avec des vents supérieurs à 270 km/h, Ricardo Rossello Nevares, le gouverneur de cet Etat libre associé aux Etats-Unis, a appelé la population à évacuer les zones les plus sensibles. L’ouragan « pourrait être le pire depuis un siècle à Porto Rico », a-t-il averti, en faisant référence à la dernière grande catastrophe qui avait dévasté l’île, l’ouragan San Felipe, qui avait tué 300 personnes en 1928.

Le Centre national des ouragans prévoit jusqu’à 63 centimètres de précipitations sur le territoire, ainsi que des marées de tempête qui pourraient faire monter le niveau de la mer de deux ou trois mètres. Les 3,5 millions d’habitants de l’île, où 50 000 foyers étaient toujours privés d’électricité depuis le passage d’Irma, se ruaient mardi dans les magasins pour acheter des produits de première nécessité et protégeaient au mieux leurs maisons et commerces. Les autorités ont, par ailleurs, ouvert près de 500 abris pouvant accueillir quelque 67 000 personnes.

Les autorités haïtiennes, qui se préparent aussi au passage de l’ouragan, ont soulevé la question de la responsabilité du changement climatique. « Nous, les pays de la Caraïbe, nous ne sommes pas les grands émetteurs de gaz à effet de serre mais aujourd’hui c’est nous qui payons les pots cassés », a déploré Jovenel Moïse, le président, mardi, lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.