En désaccord avec la présidente du Front National Marine Le Pen, Florian Philippot a annoncé le 21 septembre 2017 son départ du parti. / JOEL SAGET / AFP

Florian Philippot a annoncé jeudi 21 septembre sur France 2 qu’il quittait le Front national. Le vice-président du parti d’extrême droite est en désaccord avec Marine Le Pen sur sa réorientation après l’échec de l’élection présidentielle. Son départ a suscité une série de réactions. La présidente du FN « respecte » cette décision mais elle dénonce une stratégie de « victimisation ».

Sur Twitter, la principale lieutenante de M. Philippot, l’eurodéputée Sophie Montel, a aussi annoncé sa démission du FN, comme son directeur de cabinet, Joffrey Bollée, conseiller régional francilien, ou d’autres de leurs proches ces derniers jours, tel le comédien Franck de Lapersonne.

« Refus du débat »

Au sein de la désormais ex-formation politique de M. Philippot, Nicolas Bay dit regretter cette décision, tout en ajoutant que le parti s’en remettra :

« On avait le sentiment depuis des mois que Florian Philippot se crispait, refusait totalement ce débat ou en tout cas il voulait le cadenasser avec sa petite association. »

« Il y avait un conflit d’intérêts, il a été résolu par la décision de Marine Le Pen, parce que Florian [Philippot] ne voulait pas le résoudre depuis des mois et des mois », a déclaré le secrétaire général du parti, jugeant que l’association de l’ex-vice-président du FN, Les Patriotes, « avait toutes les caractéristiques d’un microparti ».

Cette annonce a été accueillie avec joie par plusieurs ténors du parti d’extrême droite, heureux de se débarrasser d’un rival idéologique. Louis Aliot s’est réjoui sur Twitter de ce qu’avec le départ de M. Philippot, le FN « va enfin connaître l’apaisement face à un extrémiste sectaire ». Le vice-président du parti a même ironisé sur l’annonce de l’ex-vice-président sur France 2 : « Fait divers dans le PAF : gonflée à l’hélium médiatique, une montgolfière se crashe ! »

« Replié sur lui, plein de haine et de morgue », l’a tancé Jérôme Rivière, ex-député UMP rallié au FN. « Regrettable gâchis dont son ego est seul responsable », a aussi lâché l’eurodéputé Gilles Lebreton. « L’unité de notre famille de pensée c’est Marine Le Pen ! En avant pour le nouveau Front ! », a plus sobrement réagi Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont et vice-président du parti.

« Fracture relationnelle »

Peu nombreux au sein du FN déniaient cependant à M. Philippot sa force de travail : « Malgré nos immenses divergences, j’ai toujours pensé qu’il avait du talent, gâché hélas par un népotisme dogmatique », a tweeté Pascal Gannat, ex-responsable régional du FN en Pays de la Loire. Le député du Gard Gilbert Collard voit quant à lui cet événement comme une « fracture relationnelle » plutôt qu’une divergence de vues.

Robert Ménard, maire de Béziers et allié au FN, a parlé sur la chaîne de télévision CNews de « bonne nouvelle ». « Je l’ai souhaité, demandé, dit et redit depuis deux ans. Il incarne une ligne politique néfaste pour le courant de pensée que nous représentons, dont je me sens proche », a-t-il déclaré :

« Même à l’intérieur du FN, il ne représente pas grand-chose. Et quant à l’extérieur, il ne représente rien, ce sont des gens qui n’ont jamais été élus sur leur propre nom où que ce soit. »

Conseillant à la présidente du FN de tirer toutes les conclusions de ce départ, M. Ménard a ajouté qu’« il f[allait] en finir avec la position antieuropéenne et un mélenchonisme de droite ».

« C’est leur affaire. Mais c’est parfait », a réagi Jean-Luc Mélenchon sur RTL à l’annonce de la démission de Florian Philippot. M. Mélenchon a réitéré son appel aux électeurs du FN « fâchés mais pas fachos » à se tourner vers La France insoumise (LFI), excluant toutefois un éventuel ralliement de l’ex-vice-président du FN, dont il dit : « C’est un fasciste. »