LES CHOIX DE LA MATINALE

Au programme ce week-end : un florilège d’événements autour des musiques électroniques, dont la Techno Parade à Paris et Scopitone à Nantes ; La Vie parisienne, selon Offenbach, à Bordeaux ; le long monologue de Natalie Dessay dans Und au Théâtre Déjazet ; l’inauguration d’un Atelier des artistes en exil à Paris ; la cinquième édition du festival Jours (et nuits) de cirque(s) à Aix-en-Provence ; la reprise du célèbre ballet Les Forains par le chorégraphe et danseur hip-hop Anthony Egéa à Saint-Ouen ; la rentrée musicale des orchestres Grands Formats à Saint-Quentin-en-Yvelines ; un dimanche portes ouvertes dans les galeries d’art contemporain parisiennes.

MUSIQUES. Un week-end très électro à Paris, Nantes, La Rochelle…

Si la vitalité des musiques électroniques n’en finit pas de s’afficher en France, cette semaine concentre un nombre impressionnant d’événements. A Paris, avec la 19e édition de la Techno Parade où dix chars défileront, samedi 23 septembre, du quai François-Mitterrand jusqu’à la place de la Nation. Un événement complété par un festival, le Dream Nation, du 22 au 24 septembre aux Docks de Paris (à partir de 40 euros), mais aussi par la Paris Electronic Week qui, du 20 au 23 septembre, organise des fêtes dans plusieurs lieux (La Java, LaPlage de Glazart, le Batofar…) et une série de conférences à La Gaîté-Lyrique. La province n’est pas en reste avec le festival Roscella Bay, dans le vieux port de La Rochelle, du 22 au 24 (Marcellus Pittman, Patrice Scott, Renart, Gilb’r…, de 26 à 46 euros) et, à Nantes, le festival Scopitone, célébrant, du 20 au 24, culture électronique et art numérique, avec, en particulier, deux nuits électro, les 22 et 23 septembre (Recondite, Motor City Drum Ensemble, Dopplereffekt, Antigone…, 25 et 31 euros). Stéphane Davet

OPÉRA. « La Vie parisienne » s’affiche à Bordeaux

« La Vie parisienne », de Jacques Offenbach à l’Opéra national de Bordeaux. / ROBERTO GIOSTRA

Depuis le 2 juillet, Bordeaux a rattrapé Lyon et n’est plus qu’à deux heures de Paris en TGV. Raison de plus pour ne pas rater l’ouverture de la nouvelle saison concoctée par Marc Minkowski à l’Opéra national. Comme l’Opéra de Paris avec sa Veuve joyeuse, de Franz Lehar, l’entrée en matière lyrique de cet automne enchifrené se veut ludique et légère : ce sera La Vie parisienne, d’Offenbach, un ouvrage où le propos ferroviaire garantit les transports amoureux – le premier acte démarre à la gare du chemin de fer de l’Ouest Rive droite, et se clôt avec le chœur « La vapeur nous amène ». La mise en scène de Vincent Huguet, chorégraphiquement assisté de Kader Attou, ainsi qu’une tripotée de bons chanteurs francophones (Marc Barrard, Jean-Paul Fouchécourt, Philippe Talbot, Marie-Adeline Henry, et la rayonnante Anne-Catherine Gillet) sous la baguette allègre de Marc Minkowski, nous garantissent un aller-retour sans grève du plaisir. « Il y a là trois quadrilles et une douzaine de valses, polkas, mazurkas tout prêts pour le bal de l’Opéra : on va danser dessus tout l’hiver », prophétisait, enthousiaste, Le Ménestrel du 4 novembre 1866. Eh bien dansons maintenant ! Marie-Aude Roux

La Vie parisienne, de Jacques Offenbach. Grand Théâtre de Bordeaux, place de la Comédie à Bordeaux (Gironde). Tél. : 05-56-00-85-95. Du 23 septembre au 1er octobre. Tarifs : de 8 € à 110 €.

THÉÂTRE. Natalie Dessay étincelle dans « Und », à Paris

Natalie Dessay dans « Und », de Howard Baker, mis en scène par Jacques Vincey. / CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

Au mitan de sa vie, la cantatrice Natalie Dessay est devenue actrice, avec tout le talent dont elle avait déjà fait montre à l’Opéra. A partir d’un texte de l’auteur anglais Howard Barker, le metteur en scène Jacques Vincey lui a ciselé sur mesure une partition textuelle, visuelle et sonore dans laquelle l’ex-Reine de la nuit brille comme un diamant noir. Seule au milieu de la scène, comme seule une diva peut l’être, elle est une sirène en longue robe rouge théâtre, juchée, au sens strict du terme, sur un piédestal, et qui peu à peu va se défaire de ses oripeaux d’artifice pour aller vers une forme de nudité. L’urgence, le passage du temps, le danger, la glaciation psychique, la déréliction qui empreignent ce monologue sont matérialisés de la façon la plus fascinante qui soit par le dispositif imaginé par le scénographe Mathieu Lorry-Dupuy. Au-dessus de Natalie Dessay est en effet suspendue une sorte d’immense lustre, composé… de longues lamelles de glace. A mesure que la représentation avance, la glace fond à grosses gouttes sonores sur le sol bâché, des pans entiers se détachent et se brisent avec fracas, et la femme qui parle, seule, et se dénude peu à peu, semble à la fois de plus en plus enfermée dans sa prison de verre et de fantasmes, et de plus en plus libre. Magnifique. Fabienne Darge

Und, de Howard Barker, mis en scène par Jacques Vincey. Théâtre Déjazet, 41, boulevard du Temple, Paris 3e. Tél. : 01-48-87-52-55. Du 22 septembre au 13 octobre. Tarifs : de 21 € à 42 €.

ARTS. L’Atelier des artistes en exil ouvre ses portes, à Paris

L’Atelier des artistes en exil à Paris. / E. J./ LE MONDE

C’est dans une barre de bureaux du 18e arrondissement que l’Atelier des artistes en exil a pris ses quartiers en mai, soit 1 000 m2 prêtés par des propriétaires privés avant de grands travaux de transformation. Les artistes qui fréquentent les lieux, une cinquantaine au total actuellement, viennent de Syrie ou du Soudan pour beaucoup, mais sont aussi irakiens, yéménites, libyens, somaliens, gambiens, maliens, sénégalais, russes, kazakhs, palestiniens, ouïgours… Tous seront présents pour l’inauguration officielle, ce vendredi, soirée portes ouvertes où chacun présentera des travaux en cours. Ne pas rater le studio de Kubra Khademi, Afghane de 28 ans qui se définit comme « plasticienne, performeuse et féministe », ni celui de Carlos Lutangu Wamba, talentueux sculpteur congolais de 27 ans originaire de Kinshasa. Dans la salle de danse se produiront une danseuse syrienne ou encore des danseurs et acteurs ougandais en exil pour fuir les persécutions contre les LGBT ; dans la salle de musique, les visiteurs pourront découvrir une chorale soudanaise et de la musique électronique syrienne ; dans la salle des auteurs, un écrivain congolais, un dessinateur et un architecte soudanais exposeront des textes et des photos. Le lieu éphémère, piloté par le duo de metteurs en scène Judith Depaule et Ariel Cypel, auparavant à la tête du théâtre et centre d’art Confluences, devrait s’ancrer dans les lieux jusqu’à l’été prochain. Emmanuelle Jardonnet

L’Atelier des artistes en exil, vendredi 22 septembre de 18 heures à 21 heures au 102, rue des Poissonniers, Paris 18e (Mo : Marcadet-Poissonniers).

CIRQUE. Les nouvelles tendances de la piste, à Aix-en-Provence

« Speakeasy », de The Rat Pack. / RICHARD DENUL

A l’enseigne du Centre international des arts en mouvement (CIAM) basé à Aix-en-Provence, le deuxième week-end du festival Jours (et nuits) de cirque(s) multiplie les points de vue sur les nouvelles tendances de la piste. Le Cirque Rouages, comme son nom l’indique, invente pour… Sodade… un étonnant objet mécanique autour duquel les acrobates s’arriment. La compagnie El Nucleo, composée de six amis d’enfance de Bogota, questionne le lien et la communauté dans Somos. Moments de choix, L’Après-midi d’un foehn version 1, de Phia Ménard, fait planer un ciel de sacs-poubelle, tandis que The Rat Pack la joue gangster dans Speakeasy. Samedi 23, la Nuit du cirque sort les transats pour une soirée cinéma. Avec aussi des ateliers pour les enfants et les adultes. En plein air et sous chapiteau, une manifestation qui fête sa 5e édition avec passion. Rosita Boisseau

Festival Jours (et nuits) de cirque(s). CIAM, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Jusqu’au 24 septembre. Tarifs : de 8 € à 22 €.

DANSE. Hip-hop et ballet se mêlent, à Saint-Ouen

« Les Forains, ballet urbain », d’Anthony Egéa. / PIERRE PLANCHENAULT

Le chorégraphe hip-hop Anthony Egéa, épris d’histoire de la danse, propose une version nouvelle du fameux ballet Les Forains, conçu en 1945 par Roland Petit (1924-2011), sur une musique d’Henri Sauguet. Cette œuvre, reprise de temps en temps par le Ballet de l’Opéra national de Paris, est une pièce d’atmosphère pleine de mélancolie. De cette carte postale sépia autour d’une petite compagnie de cirque, Egéa a tiré une comparaison avec le mouvement hip-hop né dans la rue, en banlieue. S’il a conservé la musique de Sauguet, il l’a mixée aussi avec les compositions électro de Franck II Louise. De quoi secouer les images et les mythes du cirque et du spectacle. Anthony Egéa, hip-hopeur depuis le début des années 1980, passé par la danse classique, à Cannes, puis par l’école d’Alvin Ailey, à New York, aime confronter les styles, se nourrir d’autres influences que celles du hip-hop pour dégager un nouvel horizon à son travail. R. Bu

Les Forains, ballet urbain, d’Anthony Egéa. Espace 1789, 2-4, rue Bachelet, Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), à 20 heures. Tél. : 01-40-11-50-23. Jusqu’au 23 septembre. Tarifs : de 11 € à 15 €.

CONCERTS. La rentrée des orchestres Grands Formats, à Saint-Quentin-en-Yvelines

Affiche (détail) des concerts de rentrée des orchestres Grands Formats. / DR

Fédération qui regroupe, à ce jour, une cinquantaine de formations plutôt issues du jazz et des musiques improvisées, à l’effectif oscillant entre une dizaine de musiciens et celui du big band, voire plus, Grands Formats fait sa rentrée avec de nombreux concerts un peu partout en France jusqu’à fin octobre. Et présente sa saison à l’occasion de deux journées, vendredi 22 et samedi 23 septembre, au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines. Début, ce vendredi, avec le Very Big Experimental Toubifri Orchestra, 17 musiciennes et musiciens menés par le claviériste Grégoire Gensse, « avec comme règle absolue de porter la musique à ses extrêmes limites », est-il précisé. Pour ce concert, le chanteur Loïc Antoine est invité. Puis, samedi, Le Sacre du tympan du bassiste Fred Pallem présentera son programme Cartoons, savoureuses reprises de musiques de dessins animés et de jeux vidéo, puis ce sera Print & Friends mené par le saxophoniste Sylvain Cathala. Au préalable, les deux musiciens auront participé (de 16 h 30 à 17 h 30), avec d’autres responsables d’orchestre, à une rencontre avec le public. Sylvain Siclier

Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, 3, place Georges-Pompidou, Montigny-le-Bretonneux (Yvelines). Tél. : 01-30-96-99-00. RER C et train Saint-Quentin-en-Yvelines, théâtre accessible à pied à 5 min. Very Big Experimental Toubifri Orchestra, vendredi 22 septembre à 20 h 30, de 12 € à 22 € ; Le Sacre du tympan, samedi 23 septembre à 18 heures, de 10 € à 22 € ; Print & Friends, même jour à 20 h 30, de 12 € à 22 €.

EXPOSITION. Un dimanche portes ouvertes dans les galeries d’art parisiennes

Affiche (détail) d’« Un dimanche à la galerie » à Paris. / DR

Non, les lois Macron ou El Khomri n’y sont pour rien ! Exceptionnellement, ce dimanche, les galeries d’art contemporain parisiennes ont décidé de ne pas faire relâche. Entre la messe et la balade, entre la poire et le fromage, partez donc arpenter le Marais, Saint-Germain ou Belleville, quartiers où fourmillent toutes ces galeries dont on a souvent ni le temps ni l’audace de pousser la porte. Au programme de la troisième édition de ce rendez-vous, les somptueuses alchimies de Francesco Troppa chez Jocelyn Wolff, les voyageuses élucubrations de Michel Aubry chez Eva Meyer, ou les aquarelles aux eaux sans fond de Françoise Pétrovitch chez Sémiose. Mais aussi les pétaradantes Nana de Niki de Saint Phalle chez les Vallois, ou les portraits charbonneux du photographe Richard Dumas chez Polka. Bref, il y en a pour tous les goûts, le tout agrémenté de brunchs et, on l’espère, de conversations passionnées. Emmanuelle Lequeux

Un dimanche à la galerie, dimanche 24 septembre, de 12 heures à 18 heures.