L’annonce laisse présager un nouveau camouflet pour Donald Trump. Le sénateur républicain John McCain a annoncé vendredi 22 septembre son opposition à la dernière version du projet d’abrogation partielle de la loi de Barack Obama sur la couverture maladie, dite « Obamacare », qui n’est plus qu’à une seule voix d’un échec définitif.

« Je ne peux en conscience voter pour la proposition Graham-Cassidy », a déclaré John McCain. « J’estime que nous ferions mieux en travaillant ensemble, républicains et démocrates, alors que nous n’avons pas vraiment essayé », a-t-il ajouté, dénonçant une tentative partisane et précipitée, ayant contourné tout le processus parlementaire habituel d’auditions et d’amendements.

La majorité sénatoriale espérait pouvoir voter la semaine prochaine une ultime fois, avant la date butoir, samedi 30 septembre, le dernier jour de l’année budgétaire 2017. Mais avec une petite majorité – 52 sièges sur 100 –, les républicains ne peuvent se permettre plus de deux défections. John McCain est le deuxième à s’opposer au texte, après le conservateur Rand Paul. Il est probable que les républicaines modérées Susan Collins et Lisa Murkowski votent également « non », mais elles n’ont pas encore officialisé leur position.

Démocrates soulagés

Les démocrates ont immédiatement fait part de leur soulagement. « John McCain a fait preuve du même courage au Congrès que lorsqu’il était pilote », a déclaré Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate du Sénat. « J’ai assuré au sénateur McCain que dès que l’abrogation serait une histoire ancienne, nous démocrates étions prêts à reprendre un processus collaboratif. »

Lors du vote de juillet au Sénat, John McCain avait été l’un des trois sénateurs républicains à refuser de voter le projet de loi d’abrogation de l’Obamacare de la majorité. Or, ce vote est crucial pour son parti, et pour le président, Donald Trump, qui a promis de détricoter, d’une manière ou d’une autre, l’Obamacare, symbole des dérives socialisantes des démocrates. Le président états-unien avait été ulcéré de ce camouflet venant de ses propres rangs, tançant publiquement les rebelles.

La loi Graham-Cassidy aurait réduit progressivement le budget fédéral de la santé pour la prochaine décennie, et aurait permis aux Etats de s’affranchir des protections pour les patients instaurées par l’Obamacare, notamment l’interdiction faite aux assureurs de faire payer plus cher les assurés en mauvaise santé ou atteints de maladie chronique ; ce qui était possible avant cette loi.

Pour les promoteurs de la réforme, il s’agissait de décentraliser la gestion du système de couverture santé pour en améliorer l’efficacité et en faire baisser les coûts.

Aucun chiffrage officiel n’est disponible, mais de nombreux experts ainsi que des élus estiment que le plan républicain aurait conduit à une perte de couverture maladie pour des dizaines de millions d’Américains à l’horizon 2026.