Les animalistes entendent bien se faire une place aux côtés des grands. Les Républicains, le Parti socialiste ou encore La République en marche ont vu un petit nouveau s’inviter sur la liste de Paris pour les élections sénatoriales du 24 septembre. Une conquête ambitieuse mais aussi stratégique : « C’est là qu’il y a le plus de sièges à renouveler. Le Sénat est une institution importante pour faire avancer la question animale surtout qu’il a déjà fait preuve de défiance vis-à-vis d’elle », rappelle Hélène Thouy, coprésidente du parti.

Ecœurés de constater le décalage entre une « opinion publique préoccupée par la question animale » et des hommes politiques qui la « rejette totalement », les animalistes veulent agir pour faire évoluer les lois. Au cœur de leurs revendications : la création d’un ministère pour la question animale afin qu’elle soit détachée du ministère de l’agriculture « où elle est reléguée au second plan », l’abolition de la corrida, constitutionnaliser la protection animale ou encore réintroduire dans les programmes scolaires l’éthologie. « Apprendre à respecter l’animal, c’est aussi faire attention à l’autre, ça réduirait les violences entre les hommes », explique Isabelle Dudouet-Bercegeay, coprésidente.

Sur le terrain politique, un champ de bataille attend les animalistes. Des « lobbies très puissants, comme celui des chasseurs » agissent sur les partis pour « évincer la question animale, ajoute Isabelle Dudouet-Bercegeay. Il n’y a jamais eu de lien entre ce qu’il y a dans nos assiettes et l’animal. Il faut que ça change. »

Pas question, pour autant, d’imposer aux Français le végétarisme. Néanmoins, il faut « responsabiliser » les consommateurs sur ce qu’ils mangent indique Melvin Josse, cofondateur. En proposant certaines mesures, le parti veut forcer à améliorer les conditions d’élevage. « Nous souhaitons, par exemple, interdire de couper le bec aux poules, une méthode utilisée aujourd’hui dans les élevages industriels car en étant agglutinées, elles deviennent agressives et se mutilent », poursuit-il.

Loin des rivalités et des guerres d’ego

Créé en novembre 2016, le parti a connu un départ sur les chapeaux de roues. Remarqué pour ses affiches où les têtes de chats remplaçaient celles des candidats pendant la campagne des élections législatives, il a créé la surprise. En récoltant 1 % des voix dans plus de cinquante circonscriptions – quatre-vingt-six au total – il reçoit 90 000 euros chaque année de subvention de l’Etat pendant cinq ans. Même le parti UPR de François Asselineau, bénéficiant pourtant d’une plus grande visibilité, n’a pas réussi cette prouesse.

Fort de ce succès, les animalistes sont déterminés à poursuivre leur action. « Ce parti est un outil militant, affirme Melvin Josse. Il a de beaux jours devant lui quand on voit son score seulement sept mois après sa création. » Loin des rivalités et des guerres d’ego qui sévissent dans les partis traditionnels, les animalistes n’existent que pour porter cette question. « Elle est absente et marginalisée. Il fallait s’en emparer, mobiliser un électorat pour qui c’est important », affirme Hélène Thouy.

Les animalistes peuvent aussi compter sur le soutien de leurs confrères européens. Avec huit élus, le Parti pour les animaux aux Pays-Bas est un modèle sur lequel ils aimeraient s’aligner. « La France est très en retard sur la question animale par rapport à ses voisins », constate Isabelle Dudouet-Bercegeay. Une bataille loin d’être gagnée mais le parti l’assure : il n’est pas prêt à rendre les armes.

Comment les élections sénatoriales fonctionnent-elles ?
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