L’attaque était incendiaire, la réponse fut lapidaire. Le président du Medef, Pierre Gattaz, a dû s’excuser, jeudi 21 septembre, à la suite de la polémique créée par une campagne publicitaire de l’organisation patronale sur Internet, destinée à diffuser ses propositions sur l’école.

Une phrase en particulier a déclenché la colère : « Si l’école faisait son travail, j’aurais du travail ! » Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, est intervenu jeudi pour exiger le retrait du slogan. « Je suis consterné par le slogan du Medef et leur demande un retrait immédiat. Merci à tous ceux qui œuvrent pour la réussite de nos élèves », a-t-il écrit sur Twitter.

Le slogan, présent en ligne depuis le 9 septembre, a été repéré par la FSU, première fédération syndicale enseignante, qui a publié un communiqué mercredi pour s’indigner de propos « irresponsables » et « insultants ». Et le syndicat de rétorquer : « C’est pourtant ce service public qui a permis la massification de l’accès aux études et l’élévation générale du niveau de qualification ».

La phrase a ensuite gagné en visibilité, mercredi, relayée sur Twitter dans le cadre d’un jeu consistant à poster des « blagues nulles », et a rapidement fait réagir sur les réseaux sociaux, sans amuser grand monde. Même l’ancienne dirigeante du Medef Laurence Parisot a fustigé la campagne menée par l’organisation patronale, qu’elle a jugée « inqualifiable ». Elle n’a pas hésité à parler de « bêtise ».

« Le mal est fait »

L’affaire a rapidement pris un caractère politique quand plusieurs personnalités sont montés au créneau dans la journée de mercredi pour dénoncer cette campagne. Jack Lang, ancien ministre de l’éducation nationale, l’a jugée « scandaleuse », et Benoît Hamon, qui occupa le même poste, a dénoncé un slogan « honteux ».

Le Medef a tenté de s’expliquer, arguant qu’il ne visait « évidemment pas les professeurs mais un système qui produit du chômage » et précisant que l’intitulé réel de la campagne était « Eduquer mieux, former toujours ». Mais face au tollé, Pierre Gattaz a été contraint de retirer le slogan, et de présenter ses excuses aux professeurs dans une vidéo, publiée jeudi sur son compte Twitter.

Il a néanmoins justifié l’existence de cette campagne de communication, insistant sur l’idée que le système de formation « produisait » un chômage de masse chez les jeunes. Des propos que le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a fustigés, vendredi matin, sur RTL.

« Le mal est fait, c’est scandaleux », a dit M. Berger, « choqué », ajoutant que les excuses de l’organisation patronale étaient « scandaleuses aussi dans le contenu car elles laissent à penser que le chômage des jeunes serait de la seule responsabilité de l’école, alors que l’apprentissage, l’emploi des jeunes, ça dépend aussi beaucoup des entreprises ».

Le slogan provocateur a aussi valu au Mouvement des entreprises de France une campagne en retour du Parti socialiste : « Si le Medef tenait sa parole, j’aurais un emploi », en référence au million d’emplois avancé par le Medef au moment des mesures en faveur des entreprises décidées par François Hollande, en 2014.